Poutine : « nouveau tsar » de Russie en quête de revanche

La chute de l’URSS en 1991 provoque chez Vladimir Poutine un profond traumatisme, lui qui avait nourri un certain idéal de la grandeur russe. Une humiliation que l’ex-officier du KGB, né sous l’ère soviétique, a voulu effacer dès son arrivée au pouvoir.
Philippe Fabry, historien, spécialiste de géopolitique
Publié le 18/08/2022 à 08h00, mis à jour le 12/09/2022 à 14h25 • Lecture 8 min.
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Buste de Vladimir Poutine. Représentant le président russe sous les traits d'un empereur romain, le buste a été inauguré par une organisation locale de cosaques en 2015 en reconnaissance de l'annexion de la Crimée par la Russie. Kassimovo, près de Saint-Pétersbourg, Russie 

Buste de Vladimir Poutine. Représentant le président russe sous les traits d'un empereur romain, le buste a été inauguré par une organisation locale de cosaques en 2015 en reconnaissance de l'annexion de la Crimée par la Russie. Kassimovo, près de Saint-Pétersbourg, Russie  • DMITRY LOVETSKY/AP/SIPA

Nombre de commentateurs et d’analystes de la crise actuelle dans les rapports de l’Otan avec la Russie et de la guerre en Ukraine parlent fréquemment du « tropisme impérial » de la Russie : la Russie se caractériserait par le fait qu’elle est essentiellement un empire et non une nation, ce qui la distinguerait, notamment, de tous ses voisins européens et en ferait un objet historique et géostratégique spécifique. Ce pays souffrirait de manière chroni­que, voire atavique, d’une incapacité à trouver et à fixer ses limites, ce qui serait d’ailleurs illustré par le fameux mot de Vladimir Poutine : « Les frontières de la Russie ne se terminent nulle part. »

Il est vrai que l’histoire du plus vaste pays du monde paraît être celle d’une interminable conquête, d’une expansion démesurée, qui a pu connaître des freins ou des reculs, mais est toujours repartie de l’avant. Chez les élites russes elles-mêmes – en particulier les fameux siloviki entourant Vladimir Poutine, cette caste d’anciens officiers des services de sécurité de l’URSS constituant aujourd’hui le système nerveux de l’écosystème du pouvoir poutinien –, le démantèlement du pacte de Varsovie et la dislocation de l’Union soviétique n’ont été perçus que comme une phase transitoire entre deux phases impériales. Comme avait pu l’être l’amputation de Brest-Litovsk en 1918, avant la reconquête de l’Ukraine, puis l’annexion des pays baltes et de la moitié de la Pologne, et enfin la domination de toute l’Europe orientale au sortir de la « Grande Guerre patriotique ».

Un rêve hégémonique

Cependant, si l’on sait se détacher des illusions d’optique historiques et observer plus profondément l’histoire longue, force est de constater qu’il n’y a pas vraiment de singularité dans le comportement impérial de la Russie ; il est la simple caractéristique des États-nations immatures, qui cherchent encore leurs frontières et n’ont pas encore fixé leur identité ethnogéographique.

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