L'entrée du Palais du Luxembourg, siège du Sénat, le 27 septembre 2014 à Paris

L'entrée du Palais du Luxembourg, siège du Sénat. La droite a repris le contrôle de la Chambre haute lors des sénatoriales de septembre 2014.

afp.com/Stéphane de Sakutin

C'était attendu, c'est désormais officiel: le Sénat bascule à droite, après les élections de ce dimanche. Le président de la Chambre haute, deuxième personnage de l'Etat, sera donc, sauf énorme surprise, l'un de ces trois hommes de droite: Philippe Marini, Jean-Pierre Raffarin ou Gérard Larcher. Les derniers calculs dimanche soir donnaient une quinzaine de voix d'avance à la droite sur les socialistes et ses alliés. Quel sera l'impact de cette nouvelle majorité au palais du Luxembourg?

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Une défaite attendue et symbolique pour la gauche...

"Les municipales sont le premier tour des sénatoriales", a-t-on pour coutume de dire à la Haute Assemblée. Si les élections municipales sont si déterminantes, c'est que les sénateurs sont élus au suffrage indirect par un collège de grands électeurs dont 95% sont issus des nouveaux conseils municipaux. Ce qui explique aussi l'entrée fracassante du FN au Sénat, avex deux nouveaux élus, Stéphane Ravier et David Rachline.

Plutôt qu'une bascule à droite, il vaudrait mieux parler de retour de balancier, d'ailleurs. Si le Sénat a connu un basculement historique, ce n'est pas ce dimanche... mais en 2011. Avec six sièges d'avance, la gauche a ravi la Chambre haute à la droite il y a 3 ans, pour la toute première fois depuis le début de la Ve République. Un homme de gauche, le socialiste Jean-Pierre Bel, accède alors au "plateau". Du jamais vu de courte durée, sous les ors du palais du Luxembourg.

... qui a l'avantage de clarifier la situation politique

La nouvelle composition du Sénat clarifie finalement les choses pour François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls. Depuis 2011, la gauche était certes majoritaire mais le groupe PS (128 élus), moins fourni que celui de l'UMP (130 élus) devait compter sur ses partenaires de gauche (communistes, radicaux et écologistes) pour passer la barre de la majorité absolue au Sénat.

Mais ces partenaires ont souvent joué les rebelles, conscients de leur pouvoir de blocage, sur des textes pourtant cruciaux comme le budget ou le non-cumul des mandats. Cette fois, au moins, si de nouveaux textes sont rejetés par le Sénat, ce ne sera plus de leur fait: ils sont minoritaires! Pour l'exécutif, c'est finalement bien plus simple à gérer, sur le plan politique et médiatique.

Textes retardés, voire enterrés

En revanche, un Sénat à droite éloigne considérablement les réformes constitutionnelles que François Hollande avait promises et pour lesquelles une majorité des 3/5 des parlementaires est nécessaire. Droit de vote des étrangers aux scrutins locaux, dose de proportionnelle aux élections législatives, suppression de la Cour de justice de la République... Des réformes retardées d'autant.

Un Sénat à droite risque également d'user et d'abuser des ficelles procédurières lui permettant de retarder l'adoption des textes auxquels il sera hostile. Le gouvernement devra s'armer de patience et se consoler en songeant qu'en cas de désaccord entre les deux chambres sur un texte législatif, c'est toujours l'Assemblée nationale qui a le dernier mot. Or la gauche est encore (de peu) majoritaire au Palais Bourbon.

Une dynamique favorable à la droite

A mi-mandat de François Hollande, un Sénat à droite reste une mauvaise nouvelle pour le président de la République. Surtout que ce basculement intervient au moment où Nicolas Sarkozy revient avec pour objectif de "rassembler sa famille politique", au-delà même de l'UMP. Et alors que la cote d'impopularité de François Hollande atteint des records historiques. Même son fief de Corrèze est passé à droite ce dimanche...

La gauche enchaîne les revers électoraux depuis mi-2012, non seulement aux élections municipales mais aussi aux élections européennes et aux législatives partielles.

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Et à moins d'un changement radical de dynamique, ce n'est sans doute pas fini. Après des départementales et des régionales prévues au printemps et en décembre 2015, 2017 ne sera pas que l'année de la prochaine présidentielle: il s'agira aussi de renouveller l'autre moitié du Sénat, celle élue en 2011 et qui avait permis le basculement à gauche.

Prochain enjeu immédiat: la présidence du Sénat

Le président PS du Sénat, Jean-Pierre Bel, a annoncé depuis longtemps son intention de quitter le "plateau"... et la vie politique en général. L'élection de son successeur aura lieu ce mercredi 1er octobre, premier acte du mandat des nouveaux sénateurs. Qui prendra sa place et deviendra le deuxième personnage de l'Etat après le président de la République ?

Le socialiste Didier Guillaume tente sa chance, tout comme la centriste Nathalie Goulet. Mais la vraie compétition se situe à droite, où trois candidats devront être départagés: l'ex-président du Sénat Gérard Larcher, le sénateur UMP Philippe Marini et l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui aurait récemment passé un "deal" avec Nicolas Sarkozy... Pour éviter des déchirements identiques à ceux de 2008, une primaire UMP sera organisée la veille de l'élection, ce mardi 30 septembre.

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