Une longue journée de réunions touche à sa fin dans un immeuble impersonnel, planté parmi d’autres au cœur d’une métropole de province. Derrière de grandes vitres ternes, on aperçoit le soleil d’automne plonger dans le bitume et le béton.
« La nature me manque déjà », confie François Mandil, quadragénaire rentré de ses flâneries sabbatiques en 2020 pour intégrer un cabinet en tant que conseiller. Passé par les organisations catholiques du Mouvement eucharistique des jeunes et des Scouts et guides de France, dont il a dirigé la communication, il a aussi été faucheur volontaire d’OGM, tête de liste écologiste aux municipales de Pontarlier (Doubs) en 2008 et membre du conseil fédéral d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui fixe les orientations du mouvement.
François Mandil fréquente depuis vingt ans ces deux univers très codés que sont l’écologie politique et les mouvements catholiques. Deux univers qu’un observateur hâtif pourrait juger très éloignés : libertaires contre conservateurs, transgressifs contre moralistes, activistes contre contemplatifs. Et pourtant…
Catholiques convertis à l’écologie
Alors que François Mandil fait défiler les contacts de son smartphone à la recherche de profils similaires au sien, un constat le surprend : la liste est bien plus longue qu’il ne le pensait ! L’égrenage des noms et CV de croyants, cadres d’EELV, dure de longues minutes. Ils sont à des postes-clés dans nombre de collectivités locales, et certaines commissions nationales du mouvement en regorgent.
Sa surprise a d’ailleurs été partagée dans des travaux récents. Docteure en sociologie et en science politique, Vanessa Jérome introduit ainsi sa thèse, soutenue en 2014, sur la sociologie politique chez les Verts : « Nous avons découvert la présence prépondérante d’(ex)-catholiques et de plusieurs générations distinctes de soixante-huitards. » Une découverte remarquée aussi par Ludovic Bertina, docteur en science politique, observateur avisé des catholiques « convertis » à l’écologie : « Le croisement de l’écologie et du catholicisme est resté un sujet très peu étudié. »
Le sujet commence cependant à être mis en lumière par les cadres d’EELV. Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, revendique haut et fort sa foi catholique. La maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy, reconnaît la place importante du scoutisme protestant (Eclaireurs unionistes) dans sa vie.
Deux univers qu’un observateur hâtif pourrait juger très éloignés : libertaires contre conservateurs, activistes contre contemplatifs. Et pourtant…
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