Les démocrates-chrétiens se rebaptisent . En congrès ce week-end à Lyon, le CDS se transforme en Force démocrate.

par Nicole GAUTHIER
publié le 25 novembre 1995 à 9h57

Les militants centristes, réunis en congrès à Lyon, ont enterré hier

soir le CDS (Centre des démocrates sociaux), héritier vieilli du MRP d'après guerre. Ils doivent donner naissance aujourd'hui à un nouveau parti, baptisé Force démocrate (FD). Ainsi l'a voulu François Bayrou, président de l'ex-CDS depuis décembre 1994, qui en appelait depuis plusieurs mois à la «refondation» d'un «grand centre de Balladur à Delors», laïcisé et étoffé.

Pour l'heure, la constitution du «grand centre» se résume à l'arrivée des sept députés du minuscule PSD (Parti social-démocrate) d'André Santini ­ qui se donne un an pour tester ce mariage à l'essai. Une poignée de personnalités devrait également être présente, comme le secrétaire général des clubs deloristes Témoin, Jean-Pierre Mignard, ou l'ancien ministre d'ouverture du gouvernement Rocard, le barriste Bruno Durieux. Brice Lalonde fera aussi le voyage, et les jeunes de Génération Ecologie ont d'ores et déjà décidé d'apporter leur force d'appoint aux Jeunes démocrates-sociaux.

En revanche, Simone Veil qui avait pourtant conduit la liste centriste aux élections européeennes de 1989, vient d'annoncer son intention de rejoindre les Adhérents directs de l'UDF.

Les présences à Lyon de François Léotard, président du PR, du délégué général des Adhérents directs, Pierre-André Wiltzer, et de son nouvel associé André Rossinot, président du Parti radical, devraient symboliser la nouvelle entente des principaux responsables de l'UDF, qui ont entrepris de conjuguer leurs efforts pour tenter de redresser la confédération libéralo-centriste en se passant des services de son président fondateur, Valéry Giscard d'Estaing.

Reste à savoir, au-delà des symboles, à quoi servira ce congrès extraordinaire. Ce devait être la réunion des foules militantes: les organisateurs attendaient 3.000 participants, dont un tiers de «sympathisants». La grève du secteur public a contrarié cet ambitieux projet, malgré les cars affrétés par dizaines: Lyon n'est pas forcément facile d'accès pour l'essentiel des troupes démocrates-chrétiennes, concentrées dans l'Ouest et le Nord. Quant au message politique qui devrait en sortir, il est différemment apprécié par les cadres du CDS.

Si beaucoup veulent voir dans la réunion lyonnaise «le début d'une dynamique» permettant de transformer le CDS en parti de masse, d'autres craignent d'assister à la simple mise en orbite «d'une machine pour la présidentielle de 2002» au service de son président, François Bayrou. Qu'il s'en défende vigoureusement ne suffit pas à convaincre. «J'aurais préféré qu'on commence par ne rallier personne, mais qu'on réfléchisse à notre message politique et aux attentes des Français», regrette un membre du bureau politique.

Le ministre de l'Education nationale va devoir essentiellement convaincre qu'il n'a pas réuni un congrès pour rien. Si le débat suscité pour l'occasion dans les fédérations départementales a pu être fructueux, personne n'en a rien su. La lettre interne d'information lancée à l'occasion du congrès de Lyon a résolument adopté un ton conforme à celui de l'Humanité à la veille d'un congrès du parti communiste dans les années 70: les responsables locaux y ont consciencieusement décliné tout le bien qu'ils pensaient du «grand centre». Jusqu'à preuve du contraire, le CDS est un parti de notables, qui a peu à peu perdu de son influence dans quelques-uns de ses principaux bastions (l'Alsace, ou, plus récemment, Rouen, la ville de Jean Lecanuet). Démontrer que Force démocrate peut devenir un parti non seulement rassembleur mais aussi populaire n'est pas le moindre des défis auxquels est confronté François Bayrou.

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