Régionales 98. Génération Ecologie survit en famille. Faute de candidats, le parti de Brice Lalonde, allié à la droite, enrôle des proches.

par Judith PERRIGNON
publié le 4 mars 1998 à 22h08

La famille est une valeur chère à la droite, donc à Génération

Ecologie. Sur leurs listes régionales, les amis de Brice Lalonde ont eu la touchante attention de laisser madame accompagner monsieur, ou l'inverse. En tous cas la famille est mise à contribution.

L'exemple vient d'en haut. Ainsi, dans les Hauts-de-Seine, il y a madame Lalonde, sa fille, et la soeur de Lalonde. En fait, les temps sont durs. Difficile pour une structure creuse, comme Génération Ecologie, d'aligner des listes dans tous les départements. Brice Lalonde, maire de Saint-Briac (Ille-et-Vilaine) a, lui, brillamment contourné la difficulté. Il est cinquième de la liste RPR- UDF en Ille-et-Vilaine.

Le label Génération Ecologie réussit pourtant à être présent dans 17 régions (sur 22) avec 42 listes départementales. Cette fois, sans agent recruteur, ni chèques de récompense pour ceux qui veulent bien porter ses couleurs comme ce fut le cas aux élections législatives.

La famille et les amis de la famille ne suffisant évidemment pas, GE a reçu le concours des partis de droite et en particulier des réseaux d'Alain Madelin, président de Démocratie libérale et nouvel ami politique de l'ancien ministre de l'environnement de Michel Rocard. Ainsi, dans l'Essonne, la tête de liste de Génération Ecologie a l'investiture RPR-UDF pour une cantonale. DL a fourni le personnel et l'aide logistique. Tous les candidats Génération Ecologie ne sont effectivement pas aussi riches que l'industriel Bruno Bonduelle (Les petits pois en conserve) qui représente les intérêts de Lalonde dans le Nord et qui lâche cette superbe profession de foi écologiste: «Je me bats depuis des années pour ma région et pour l'Europe, (...) grâce à laquelle elle redeviendra la première région industrielle de France au siècle prochain.»

On pourrait croire le choix de l'électeur écologiste enfin clarifié pour ces élections régionales: Brice Lalonde roule pour la droite, les Verts avec les socialistes et les communistes. C'est oublier les écologistes éternellement indépendants, qui bien qu'ils aient déboulonné Antoine Waechter de la présidence de leur mouvement, continuent de proclamer «ni droite ni gauche». Le MEI (Mouvement des écologistes indépendants, né de la scission des Verts) aligne 43 listes dans 17 régions. Parfois il s'allie avec Génération Ecologie, ailleurs avec des écolos issus du mouvement associatif. C'est le cas en Ile-de-France. Les Verts ont bien tenté quelques approches pour qu'il retirent leurs candidats. Ils n'ont pas voulu, accrochés à leur slogan seventies: «Certains vous promettent la lune, nous vous garantissons la terre.» En fait, comme le reconnaît Geneviève Andueza , présidente du MEI, «nous allons droit au jeu de massacre», allusion à la multiplication des listes.

Difficile dès lors de dire si les petites listes écologistes pourront ici et là profiter de la disparition de l'étiquette «Verts» au profit de la gauche plurielle pour passer la barre des 5% nécessaire pour avoir des élus dans les conseils régionaux. Quoi qu'il en soit, d'élection en élection, l'écologie reste nébuleuse.

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