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« Avant, le PS se  résignait  au libéralisme ; aujourd’hui, il le revendique »

Mathieu Fulla, chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po, revient sur l’histoire compliquée du Parti socialiste avec le marché.

Propos recueillis par 

Publié le 15 mars 2016 à 13h58, modifié le 17 mars 2016 à 15h54

Temps de Lecture 3 min.

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Pierre Mauroy, Michel Rocard et François Mitterrand autour de Claude Estier, à metz, en 1979.

Mathieu Fulla vient de publier Les Socialistes français et l’économie (1944-1981) (Presses de Sciences Po, 470 p., 25 €).

Diriez-vous que les socialistes, depuis ­les années 1930, ­« trahissent », une fois ­au pouvoir, leurs idéaux ­économiques ?

L’étude sur le temps long des travaux des experts économistes du PS, de leurs programmes ­électoraux, mais aussi de leur ­application une fois au ­pouvoir montre qu’il n’y a pas réellement de « rupture ». Dès l’échec du Cartel des gauches [1924-1926], les ­socialistes cherchent à se ­défaire de leur ­réputation de ­« videurs des caisses » de l’Etat au nom des réformes sociales. En 1936, le Front populaire ­octroie certes les 40 heures et des hausses de salaires, mais Léon Blum reste dans le cadre libéral : il refuse le contrôle des capitaux, la dévaluation – dans un premier temps – et les nationalisations – à l’exception de celle de ­[l’industrie de] l’armement et de la Banque de France. La vraie rupture avec le libéralisme ­intervient en 1945, avec les nationalisations et la planification, mais elle fait alors l’unanimité, des communistes aux gaullistes !

La SFIO des années 1950 maintient une rhétorique marxiste de rupture avec le capitalisme pour ne pas laisser le champ libre au PCF dans l’électorat ouvrier, mais lorsqu’elle est seule au pouvoir, avec Guy Mollet en 1956, elle fait appel aux épigones de Pierre Mendès France pour mener une politique balancée entre équilibre budgétaire et avancées sociales – dont la troisième semaine de congés payés. Après le retour du général de Gaulle au pouvoir, en 1958, ce n’est pas au sein de la SFIO mais à ses marges que naissent des pôles d’expertise économique « mendésistes » – le Club Jean-Monnet, le groupe Reconstruction, au sein de la CFTC, ou le Parti socialiste autonome, ­devenu Parti socialiste unifié (PSU).

François Mitterrand est un ­modèle d’agnosticisme en ­matière d’économie : au gré des nécessités pour la conquête du parti dans les congrès, pour les relations avec le Parti communiste français [PCF] et pour les campagnes électorales, il met en avant telle ou telle idée issue de ces différentes tendances. En 1971, lorsqu’il définit, à Epinay, une stratégie de conquête du pouvoir qui ne peut se faire qu’avec l’appui des communistes, le mot d’ordre du programme commun est la « rupture avec le capitalisme ». Mais lors de la rupture avec le PCF, après les échecs électoraux de 1973 et 1974, ce sont les idées de Jacques Attali et de Michel Rocard qui sont ­mises en avant. Quant à ­celles des rocardiens, elles sont mises au ban du parti lorsque ­Michel Rocard ambitionne de ­concurrencer Mitterrand comme candidat à la présidentielle.

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