De "la menace n'existe pas" à "la Russie agresse l'Ukraine" : sur la Russie, Mélenchon varie

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De "la menace n'existe pas" à "la Russie agresse l'Ukraine" : sur la Russie, Mélenchon varie

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Jean-Luc Mélenchon, le 19 janvier 2022, en meeting à Strasbourg.
Jean-Luc Mélenchon, le 19 janvier 2022, en meeting à Strasbourg.
© AFP - Martin Lelievre / Hans Lucas

La Russie a attaqué l'Ukraine. Cette offensive a provoqué l'indignation générale de la classe politique française, notamment de Jean-Luc Mélenchon. Critiqué pour ses prises de position pro-Russes, le candidat à la présidentielle a progressivement durci le ton à l'égard de Vladimir Poutine.

Jean-Luc Mélenchon n'a pas tardé à réagir ce jeudi matin. Dès 7h35, le candidat La France Insoumise à la présidentielle a posté un communiqué sur Twitter pour condamner l'opération russe lancée dans la nuit de mercredi à jeudi en Ukraine, appelant à refuser cette "escalade insupportable" et à user de la voie "diplomatique" pour obtenir "un cessez-le-feu immédiat et un retrait de toutes les troupes étrangères d'Ukraine". "La Russie prend la responsabilité d'un recul terrible de l'histoire. Elle crée le danger immédiat d'un conflit généralisé qui menace toute l'Humanité", a-t-il ajouté.

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Arrivé jeudi matin à l'île de la Réunion, le député réclame "une réunion immédiate de l'organisation de sécurité et de coopération en Europe" et appelle à une délibération "d'urgence" de l'Onu pour "rétablir la paix en Europe". Ce ton ferme, utilisé depuis quelques jours par Jean-Luc Mélenchon, tranche avec celui qu'il employait ces dernières semaines envers la Russie, à tel point que plusieurs de ses opposants dénoncent sa "complaisance" avec Vladimir Poutine. C'est notamment le cas d' Anne Hidalgo ou encore de Yannick Jadot.

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Les paroles de Jean-Luc Mélenchon sur la Russie sont toujours scrutées, analysées, commentées. Voilà plusieurs années que le président de la France Insoumise défend, par rapport à ses "adversaires" politiques, des positions bien différentes sur Vladimir Poutine. Cela a notamment été le cas durant cette campagne présidentielle. 

11 novembre 2021 : "Les sanctions contre la Russie n'ont aucun sens"

En novembre 2021, Jean-Luc Mélenchon déplorait la "vision puérile" d'Emmanuel Macron sur les relations avec la Chine et la Russie. "Cultiver une telle tension à l'égard de ces deux puissances est absurde", affirmait ainsi le candidat LFI, le 11 novembre, dans un entretien accordé au journal Le Figaro

Il était notamment interrogé sur l**'absence de la Russie et de la Chine au Forum de Paris sur la Paix**. "S'ils ne sont pas là, c'est qu'ils ne sont pas invités. Ce forum est une expression de la vision puérile du président Macron", disait le candidat à l'Elysée. Pour lui, "les sanctions contre la Russie n'ont aucun sens". "Je ne crois pas à une attitude agressive de la Russie ni de la Chine", soutenait-il.

12 décembre 2021 : "Les Russes ne sont pas des adversaires"

Invité le 12 décembre de l'émission "Questions Politiques" sur France Inter, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau été interrogé sur la Russie et Vladimir Poutine, notamment sur le fait que le pays commençait à masser des troupes à la frontière ukrainienne. "Pour moi, la Russie n'est pas un ennemi mais un partenaire" affirmait-il avant d'ajouter que ce n'était "pas facile à manier". 

Voici un extrait des propos du candidat à la présidentielle ce jour-là. "Il faut s'inquiéter à chaque fois qu'une plaie s'envenime, il y a intérêt à s'y prendre assez tôt et à ne pas en rajouter par des provocations (...) à intervalle régulier, les Russes jouent les gros bras et à intervalle régulier les Ukrainiens en font autant (..) ce n'est pas à nous de faire les shérifs du monde. Les Russes ne sont pas des adversaires. C'est la première fois dans l'histoire qu'un empire s'effondre, sans que l'on négocie les frontières qui suivent et en plus nous avons menti à cet empire. Nous lui avons dit que l'on ne ferait pas avancer les frontières de notre alliance militaire et on les a fait avancer. Pourquoi se passe-t-il tout ceci en ce moment en Ukraine ? Parce que les Etats-Unis d'Amérique ont l'intention d'avancer les frontières de l'Otan jusqu'à l'Ukraine et toute une série de gens sont intéressés à avoir en Europe un nouveau pays où le salaire moyen est à 135 euros."

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Interrogé sur les éventuels intérêts pour la France d'avoir la Russie comme allié, Mélenchon répond qu'il y a déjà "un intérêt que l'on peut trouver dans les livres d'histoire." "Chaque fois que l'on s'est fâché avec eux, ça a assez mal tourné pour nous, chaque fois que l'on s'est bien entendu avec eux, ça s'est plutôt bien passé pour nous, notamment au moment où ils nous ont aidés massivement et principalement à nous libérer. Deuxième élément, économique, commercial, civilisateur, on a tout à partager avec les Russes."

3 janvier 2021 : "La Russie est un partenaire"

Deux semaines plus tard, toujours sur France Inter, lors de la matinale spéciale présidentielle, Jean-Luc Mélenchon: "La Russie est un partenaire, je ne suis pas d'accord pour que l'on en fasse un ennemi, je ne suis pas d'accord avec le fait que l'on ait trahi la parole que l'on avait donnée aux dirigeants russes".

Sur sa page Twitter, le député avait même partagé l'extrait de cette séquence. "Nous avons fait entrer 10 pays dans l'OTAN à l'Est, ce qui a été ressenti comme une menace par la Russie". "Nous avons le devoir de faire en sorte que l'Ukraine n'entre pas dans l'OTAN parce que sinon, il est normal que les Russes disent - nous nous sentons menacés - , surtout quand on installe des batteries de missiles anti-missiles en Pologne." Durant l'interview, Jean-Luc Mélenchon avait néanmoins appelé une nouvelle fois à la "désescalade". 

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18 janvier 2022 : "Les Russes mobilisent à leurs frontières ? Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil"

Jean-Luc Mélenchon a accordé une interview au journal Le Monde, publiée le 18 janvier 2022. Au sujet de la mobilisation des troupes russes à la frontière, il lui est ainsi demandé s'il estime que la Russie mène ou non une "politique agressive qui appelle une réponse ?". La réponse du fondateur de La France Insoumise : "Les Russes mobilisent à leurs frontières ? Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil, un pays lié à une puissance qui les menace continuellement ? On continue les vieilles méthodes de la guerre froide. Or, la politique antirusse n’est pas dans notre intérêt, elle est dangereuse et absurde. Le maître-mot est la désescalade."

Durant cette interview, Jean-Luc Mélenchon rappelle d'ailleurs qu**'il est favorable à ce que la France sorte de l'OTAN**. "L’Europe de la défense ne peut pas exister, c’est un pilier de l’OTAN, avec un allié aussi discutable que la Turquie. Elle a été singulièrement absente au Mali, les contingents européens sont repartis, et nous, aujourd’hui, on ne sait plus ce qu’on y fait. Je veux d’abord rétablir notre souveraineté militaire. Pour quelle raison devrions-nous assumer les querelles des Lettons ou des Estoniens avec la Russie, qui durent depuis mille ans ? Pourquoi devrions-nous garantir les frontières physiques de l’Ukraine ? Je veux une France non alignée, altermondialiste."

30 janvier : "La menace" russe "n'existe pas"

"Je considère que ce sont les Etats-Unis qui sont dans la position agressive et non pas la Russie, j'admets que cela puisse choquer" déclarait Jean-Luc Mélenchon, le 30 janvier sur France 5. "La Russie a des intérêts comme pays et ne peut pas accepter que l'OTAN arrive à sa porte et on peut le comprendre, tout cela était dans le pacte de Varsovie". 

Autre citation à retenir ce jour-là : "J_e n'embarquerai pas la souveraineté de la France. Quand le président de la République dit : nous garantirons l'intégrité territoriale de l'Ukraine, alors que la menace n'existe pas selon les Ukrainiens eux-mêmes, il fait une bravade qui ne nous mène nulle part",_ au sujet d’une éventuelle entrée des troupes russes en Ukraine. 

Si on se plonge dans les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce que dit Jean-Luc Mélenchon n'est pas vraiment la réalité. Selon une dépêche de l'AFP, dans une conférence de presse le 28 janvier soit deux jours avant l'émission de France 5, le chef de l'Etat  ukrainien s'exprime sur la menace. S'il déclare que "nous ne voyons pas d'escalade supérieure à celle qui existait" et ajoute "n_ous n'avons pas besoin de cette panique" ,_ Volodymyr Zelensky l'assure néanmoins : "La probabilité de l'attaque existe, elle n'a pas disparu et elle n'a pas été moins grave en 2021". Ce jour-là, il appelle également la Russie à "faire des pas pour prouver" qu'elle ne va pas passer à l'attaque.

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6 février : La position de Vladimir Poutine est "compréhensible"

Invité du journal de TF1, le 6 février, le candidat à la présidentielle a de nouveau appelé à la "désescalade" des tensions en Ukraine, estimant que la France devait être "non alignée" et reprochant à Emmanuel Macron d'avoir un temps "fait monter le ton" dans ce dossier.  

A la veille du déplacement du président en Russie, pour rencontrer Vladimir Poutine, Jean-Luc Mélenchon s'était défendu de défendre la position russe.  "La France doit être non alignée, ce qui signifie que ni les Russes ne doivent entrer en Ukraine, ni les Américains ne doivent annexer l'Ukraine dans l'Otan". 

Cependant, l'ancien ministre dit ensuite comprendre la position de Vladimir Poutine. "Je ne sais pas comment nous Français nous réagirions si on apprenait que M. Erdogan - le président turc - avait créé une alliance qui encerclerait la France. Cela ne nous ferait pas plaisir, donc je pense que le maître-mot ça doit être la désescalade". Il a également rappelé que selon lui "l'intérêt de la France, ce n'est pas de transformer la Russie en adversaire."

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10 février : "Monsieur Poutine n'est pas mon modèle" 

Le 10 février, Jean-Luc Mélenchon est sur le plateau de France 2 pour l'émission spéciale "Elysée 2022", dédiée à la campagne présidentielle. Il se montre davantage critique et l'affirme : "Monsieur Poutine n'est pas mon modèle". "Moi, en Russie je soutiens un homme qui s'appelle Sergueï Oudaltsov, qui est le président du Front de Gauche, qui a été quatre ans en prison. Je ne vais pas vous dire que Monsieur Poutine est le genre de dirigeant qui me convient, puisque mes amis là-bas le combattent et vont en prison à cause de cela." 

Le candidat s'explique d'ailleurs sur ses prises de position. "Je me comporte comme quelqu'un qui se prépare, si le destin le veut et les électeurs, à présider notre pays donc ma manière de parler est celle qui doit ensuite me rendre possible l'action politique". "Monsieur Poutine n'est pas mon modèle. Ai-je l'intention de présider comme Monsieur Poutine ? Non. Ai-je l'intention d'appliquer la politique de Monsieur Poutine ? Non. Par conséquent j'ai assez répondu."

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21 février : Il dénonce une "inacceptable" "violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine

Lundi soir, Vladimir Poutine prend la parole et déclare la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes de l'Ukraine par la Russie. Il donne également l'ordre à ses troupes d'entrer dans ces territoires. Cette sortie du président russe est évidemment condamnée par la communauté internationale et la classe politique française. 

Dès le lundi soir, peu avant 23h, le candidat de La France Insoumise publie sur Twitter un communiqué de presse. Il y reconnaît la "responsabilité" russe dans "l'escalade", "et qu’il faut le condamner dans notre intérêt bien compris". Toutefois, il insiste également sur le risque selon lui d'une "annexion de l’Ukraine dans l’OTAN [qui] ne tardera plus". "La reconnaissance des républiques russophones du Donbass par Poutine est une très mauvaise affaire pour les Français, écrit le candidat Insoumis. [...] Il est à craindre qu’à la décision russe succède une décision américaine d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN." "C’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode, ajoute Jean-Luc Mélenchon. L'annexion de l’Ukraine dans l’OTAN ne tardera plus."

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Lors d'une conférence de presse lundi, Jean-Luc Mélenchon a ensuite jugé cette décision "inacceptable" et a prôné une "conférence des frontières" dans le cadre de l'OSCE. Pour lui, il s'agit "d'une violation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine", "inadmissible". L'envoi de forces militaires russes présentées comme des forces de maintien de la paix par Moscou "est une forme d'humour noir grinçant qui finit de rendre odieux (ce) spectacle".   "Nous ne pouvons pas comme Français accepter une violation des frontières" par la force, a-t-il ajouté.  

24 février : "Une escalade insupportable est provoquée"

Jean-Luc Mélenchon a donc rapidement réagi jeudi matin à l'attaque lancée par la Russie en Ukraine. Le ton est une nouvelle fois à la condamnation. "La Russie agresse l'Ukraine. Une initiative de pure violence manifestant une volonté de puissance sans mesure. Une escalade insupportable est provoquée", a-t-il écrit, exhortant à "ne surtout pas accepter d'entrer dans l'escalade. Elle serait sans retour".  

Pour lui, "pour l'Union européenne le temps de la protection mutuelle est venu" et "en France tous les moyens de défense doivent être immédiatement mobilisés pour garantir totalement les intérêts vitaux de notre pays". Mais pour le candidat LFI, "l_a France ne doit pas se résigner_" et "doit prendre l'initiative d'une démarche de règlement pacifique et diplomatique de la situation" en vue d'un cessez-le-feu et du retrait des "troupes étrangères". 

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Sur LCI, jeudi après-midi, le candidat a de nouveau évoqué "un recul terrible", appelé à ne pas "mollir" dans le soutien à l'Ukraine. S'il réitère sa volonté du "non alignement" il assure qu'être "non aligné, ça ne veut pas dire qu'on est neutre. Cela veut dire être dans les fourgons militaires de personnes mais (...) nous ne sommes pas neutres quand un pays envahi le voisin sur le territoire de l'Europe." Jean-Luc Mélenchon ajoute néanmoins que "les sanctions ne servent à rien" et qu'il faut "discuter". Interrogé sur un "éventuel soutien unanime de la classe politique", il répond : "il vaut mieux que l'on avance tous en ayant à cœur l'intérêt de notre pays".

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