• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Où vont les lambertistes ?

Où vont les lambertistes ?

JPEG

Dans un article daté du 22 novembre 2018, publié dans « La tribune des travailleurs » sous le titre « Rouge est le drapeau des travailleurs » Daniel Gluckstein écrit ceci :

« Mais pour le patron de cette entreprise du bâtiment qui envoie 50 camions à un rendez-vous de blocage le 17 à l’aube (1), pour ces entreprises qui contribuent généreusement à la logistique de l’opération, pour les médias, propriétés de grands groupes capitalistes, qui n’ont cessé d’appeler aux blocages, et même de les coorganiser de fait, dire « non aux taxes » sur le pétrole est un premier pas qui, très vite, s’élargit : non aux taxes en général, non aux impôts, « l’État nous prend tout » pour payer des fonctionnaires fainéants, des chômeurs profiteurs, des services publics inutiles, des retraites scandaleusement élevées, et même pour aider les immigrés qu’« on ferait mieux de renvoyer chez eux ». Et puis, ajoutent les patrons et leurs acolytes tout de jaunes vêtus, « y a pas que les taxes : il faut payer pour la Sécu, pour les retraites, toutes ces charges sociales qui étouffent nos entreprises et nous empêchent de faire du profit. » Le petit patron qui tient ce langage a-t-il seulement conscience qu’il ne fait que reprendre… le programme de Macron, contre qui, pourtant, il manifeste ?

C’est ce discours qui a dominé les blocages ce week-end, généralement porté par des « gilets jaunes » expérimentés et organisés, souvent militants politiques de droite extrême et d’extrême-droite venus avec leurs cargaisons de drapeaux tricolores et d’insultes racistes, leurs méthodes de terreur et leur haine de l’ouvrier.

Mais l’ouvrier, le chômeur, le retraité, la mère de famille, eux, ont besoin qu’on ouvre des écoles, des hôpitaux, des bureaux de poste et non qu’on les ferme ! Ils ont besoin de leur Sécu, de leurs retraites !

C’est là qu’est toute la duperie du 17 novembre. Sous le gilet jaune, l’ouvrier reste un ouvrier, et le patron un patron. Sans parler de ceux dont la chemise brune dépasse sous le gilet jaune (2) ! 

(1) Vu sur BFM TV, le 16 novembre.

(2) Uniforme des SA, sections d’assaut du parti hitlérien en Allemagne dans les années 1920 et 1930. »

Soulignons la teneur de son discours pour ceux qui, comme nous, lors de notre première lecture, ayant passé le moment de la surprise, ne seraient pas certain d’avoir bien compris.

Voici donc ce que Daniel Gluckstein a vu dans le mouvement des gilets jaunes. Pour lui c’est un discours patronal et raciste « qui a dominé les blocages ce week-end ». Il veut bien admettre cependant qu’il y avait aussi des ouvriers. Il dit pour finir « Sous le gilet jaune, l’ouvrier reste un ouvrier, et le patron un patron. Sans parler de ceux dont la chemise brune dépasse sous le gilet jaune (2) ! » Et, pour ceux qui ne comprendrait pas ce qu’est « la chemise brune » il prend le soin d’expliquer dans une note que c’est une référence à l’uniforme des SA, sections d’assaut du parti hitlérien. En plus des patrons, il y avait donc des nazis. Et il a expliqué auparavant que cette mobilisation des patrons et des nazis revêtus de gilets-jaunes a été organisée par les milliardaires qui tiennent les médias. Il écrit en effet : « pour les médias, propriétés de grands groupes capitalistes, qui n’ont cessé d’appeler aux blocages, et même de les coorganiser de fait, dire… »

Nous n’avons rien trouvé de plus ignominieux comme ramassis de calomnies haineuses contre les gilets-jaunes.

Rappelons donc qui est ce Daniel Gluckstein. C’est pour beaucoup le plus connu des lambertistes. Il a été candidat à l’élection présidentielle de 2002 où il avait obtenu 0,47% des suffrages. Il est le principal dirigeant du POID (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique). Il est entré chez les lambertistes après avoir milité dans la Ligue Communise (ancêtre de l’actuel NPA) à un moment où les lambertistes pouvaient encore être considérés comme des trotskistes. On sait que les lambertistes se sont scindés en deux groupes le POI et le POID au cours de l’été 2015. Daniel Gluckstein était déjà le principal dirigeant avant cette scission. Il avait été désigné par Lambert lui-même comme devant être son successeur. Cette nomination d’un dauphin est en elle-même significative du changement de mœurs chez les lambertistes qui a précédé leur capitulation au moment de la grande trahison de Mitterrand.

Rappelons ce que nous avons écrit à ce sujet dans notre livre « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon », lorsque nous avons expliqué ce qu’une réelle avant-garde du mouvement ouvrier aurait dû faire à cette époque :

« Qu’aurait dû être l’avant‑garde en 1981 ? Pour répondre à cette question, il va nous falloir parler maintenant des lambertistes.

Nombreux sont ceux qui n’en ont jamais entendu parler ou qui n’ont entendu à leur sujet que les sornettes que la presse dominante se plaît à répéter : il s’agirait d’une secte qui en pratiquant l’entrisme aurait pénétré les rouages de l’Etat dans le but de faire de sombres complots… La réalité est tout autre. Les organisations lambertistes comme l’AJS (Alliance des Jeunes pour le Socialisme) et l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste) étaient aussi puissantes à l’époque que l’UPR de nos jours. Ils avaient environ 5 000 militants actifs et l’UPR a environ 30 000 adhérents. Les lambertistes étaient la cible des puissants qui les craignaient autant qu’ils craignent l’UPR aujourd’hui. Ils étaient d’ailleurs traités de la même manière : tantôt blacklistés, tantôt calomniés. Ils étaient les mieux placés pour tenir le rôle d’une avant‑garde. Les lambertistes, héritiers du trotskysme, dirigeaient l’UNEF et la MNEF. Ils avaient une forte influence dans toute l’Education Nationale par le biais d’une tendance de la FEN. Des gros points d’appui dans d’autres syndicats principalement à FO mais aussi dans la CGT. Ils faisaient des rassemblements monstres notamment 8 000 jeunes au Bourget le 1er février 1969. Ils réunissaient des milliers de personnes dans des meetings sans que la presse n’en dise un seul mot. Cette organisation s’était construite en quelques décennies à partir de quelques dizaines de rescapés du trotskysme. Ils avaient dû pour cela combattre le stalinisme dans des conditions extrêmement difficiles. Les agressions physiques et les campagnes de calomnies et d’intimidations diverses étaient monnaie courante. Cela les avait amenés maintes fois à passer des compromis avec les réformistes du PS pour ne pas être seuls face aux staliniens. Ils votaient par exemple les rapports moraux des réformistes dans les syndicats de la FEN alors que cela était parfois contestable. C’est un délicat jeu d’équilibriste que de savoir passer des compromis sans tomber dans la compromission. Ils étaient alors à contre‑courant de la doxa journalistique qui diagnostiquait une disparition de la lutte des classes. Le 15 mars 1968, « Le Monde » titrait « Quand la France s’ennuie » et les organisations dîtes « d’extrême‑gauche » ne voyait de salut que dans l’exotisme révolutionnaire. Seuls les luttes d’émancipation dans les pays du tiers monde et la guerre du Vietnam méritaient de retenir leur attention. Au même moment, quelques semaines avant les événements du mois de mai, envers et contre tous, les lambertistes créaient en milieu étudiant la FER (Fédération des Etudiants Révolutionnaires). Les événements de mai 1968 ont complètement confirmé qu’ils étaient les seuls à être dans le vrai. Nous pourrions dire la même chose aujourd’hui au sujet des partisans du Frexit.

Mais dans les années qui ont précédé 1981, une étrange symbiose est apparue entre certains pans de l’OCI et le PS au moment où, avec le programme commun, l’alliance entre le PS et le PCF ne devait se faire, du point de vue de François Mitterrand et de ses amis, qu’à la condition que le PS soit plus puissant que le PCF. Cette obscure symbiose va grandement aider le PS à prendre ainsi des points d’appui face au PCF dans un secteur où il était absent. Elle va en effet lui permettre de s’implanter dans le milieu étudiant en s’accaparant, à peu de frais, la direction de l’UNEF. Les dirigeants de la MNEF ne vont d’ailleurs pas attendre d’avoir adhéré au PS pour apprendre, dans cette Mutuelle des Etudiants, à pomper le fric de la collectivité et cela deviendra la fameuse « affaire de la MNEF ». Les mœurs des dirigeants lambertistes en milieu étudiant connurent alors une profonde mutation. Dans les élections au CROUS le bourrage d’urnes — pratique complètement étrangère aux trotskystes — devînt une pratique admise pour « battre les staliniens ». Après avoir gagné la direction de l’UNEF en faisant campagne contre la politique de participation des syndicats aux instances de gestion des universités, les élus de l’UNEF investirent les structures participatives. Le comble sera une pratique de financement de l’OCI bien étrange. Les cadres demandèrent aux militants de se faire octroyer une aide personnelle auprès du service social dont ils dépendaient pour la verser à l’OCI. Une militante protestera en écrivant « Un comble ! Poussant l’absurde à l’excès, j’ai proposé pour la bonne cause, la prostitution ou la quête dans les églises. » (Lettre citée par Pierre Salvaing dans « Ce que je sais de ce que fut l’OCI », document accessible sur le web). Ces mœurs n’ont rien à voir avec le trotskysme.

Ce n’est qu’en 1986 que les dirigeants de l’UNEF sont passés avec armes et bagages au PS mais dès 1980 le secteur étudiant échappait à l’OCI en tant qu’organisation trotskyste. Les dirigeants de l’UNEF avaient déjà un pied dans le PS. Le vaillant combat mené pour conquérir la direction de l’UNEF, notamment lors du congrès d’Orléans en 1970, aura été vain.

Le basculement vers la capitulation devant le PS s’opère quand les lambertistes appellent à voter pour François Mitterrand dès le premier tour aux présidentielles de 1981. Ils mettent alors leur drapeau et leur politique dans leur poche. Il n’est plus question de critiquer François Mitterrand. Ils ne diront pas un mot de son passé de pétainiste et de bourreau des nationalistes algériens. Ils oublient les belles formules de Léon Trotski : « La vérité est toujours révolutionnaire (…) Dire la vérité sur la bureaucratie réformiste, c’est l’écraser dans la conscience des masses. » Avec un pareil soutien, bien des militants vont se dire que, quant à soutenir ainsi le PS, il serait sans doute aussi bien d’y entrer. Dans les années qui vont suivre, Pierre Lambert va ainsi faire cadeau de toute une flopée de cadres au PS à commencer par Jean‑Luc Mélenchon dès 1977 suivi par bien d’autres : Lionel Jospin, Jean‑Christophe Cambadélis et toute la direction de l’UNEF… Pierre Lambert se livre ainsi à un sabotage de l’organisation trotskyste. Il va d’ailleurs exclure les militants les plus conscients, comme Stéphane Just. Il se fera aider dans cette besogne par Jean‑Christophe Cambadélis qui n’était déjà plus à cette époque qu’une taupe du PS dans l’OCI. Les lambertistes vont dès lors contribuer à semer des illusions au lieu de les combattre et principalement l’illusion qu’à elle seule l’élection de François Mitterrand allait apporter des solutions.

Certes, il était juste d’appeler à voter pour François Mitterrand au 2ème tour — et seulement au 2ème tour — afin de battre Giscard d’Estaing, le candidat des capitalistes. Mais c’était la seule raison de ce choix et une véritable avant‑garde aurait dû exprimer toute sa méfiance en montrant bien que le combat pour un gouvernement des travailleurs n’était en rien assimilable à la promotion d’un tel candidat comme président de la république. Le vieux mot d’ordre traditionnel adressé aux dirigeants traîtres : « Rompez avec la bourgeoisie ! » devait se traduire par : « Pas d’alliance avec les Radicaux de Gauche ! Pas de ministres à la solde des capitalistes ! » L’OCI a fourni un service d’ordre au PS pour encadrer les manifestations d’enthousiasme qui ont accueilli la victoire de François Mitterrand. Au lieu de pallier ainsi aux insuffisances du PS, une avant‑garde aurait dû émettre des mises en garde et des appels à la vigilance contre les trahisons. Au moment où François Mitterrand et les socialistes appelaient la population à rentrer sagement dans ses foyers, il fallait dire que le maintien de la mobilisation populaire était indispensable pour exiger que les élus mettent en œuvre immédiatement leur programme notamment la 90e des 110 propositions des socialistes : « Un grand service public, unifié et laïque de l’éducation nationale sera constitué ». Il fallait exiger que la loi soit votée immédiatement après les législatives afin d’être opérationnelle dès la rentrée scolaire de septembre 1981 ou, au plus tard, à celle de 1982. Il fallait dire que sa mise en œuvre devra être saluée et appuyée par une grande manifestation populaire convoquée par tous les syndicats. Voilà notamment ce qu’auraient dû être les thèmes de propagande d’une avant‑garde qui lutte pour un véritable gouvernement des travailleurs. Ajoutons que, dès que les plans de licenciements dans la sidérurgie ont été annoncés, une véritable avant‑garde aurait dû lancer les mots d’ordre : « Tous à l’Elysée ! », « A bas les traîtres ! », « Le pouvoir aux travailleurs ! », « Grève générale pour l’interdiction des licenciements ! ». »

Les lambertistes ont donc tourné le dos au trotskisme dès 1981. Ils viennent assurément de franchir un pas de plus en tournant le dos à la plus puissante mobilisation de la classe ouvrière des dernières décennies. Ils dépassent ce qu’avaient fait les staliniens au début de mai 1968. Nous nous souvenons en effet des ignominies dirigeaient contre la jeunesse étudiante que l’on pouvait lire dans l’Humanité lors des premières journées de mai 1968.

Comme jadis les staliniens, Daniel Gluckstein se croit autorisé à distribuer le label « mouvement ouvrier » à qui lui plait. Il refuse ce label à tous les militants de l’UPR dont nous faisons partie. Il le refuse aussi aux gilets jaunes. Merci à lui de nous situer ainsi avec nos frères de classe.

Quel est le critère qui lui permet d’accorder ou non son label ? Cela reste un mystère. Certes, il souligne que Marine Lepen et Dupont Aignan ont affirmé leur soutien aux gilets rouges. Mais ce n’est pas toujours pour lui un critère de rejet. Lors de plusieurs référendums nous avons vu ainsi des personnalités assurément réactionnaires voter comme nous. Ce fut le cas en 1969 lors du référendum qui a chassé De Gaulle. Ce fut le cas en 2005 lors du référendum où les français se sont prononcés contre l’Union Européenne. Ce fut aussi le cas en Angleterre lors du référendum en faveur du Brexit. Cela n’empêchait pas Daniel Gluckstein de parler de « vote de classe ».

Il souligne aussi qu’on voit chez les gilets jaunes des drapeaux tricolores et qu’on entend la marseillaise. Oui ! c’est regrettable, nous n’y voyons pas de drapeaux rouges et ils ne chantent pas l’internationale. Pourquoi ? Le fait que quelques sympathisants des Lepen et Dupont Aignan soient parmi eux n’est pas suffisant pour l’expliquer.

Il souligne aussi que les dirigeants des syndicats n’ont pas appelé au soutien des gilets jaunes. Il écrit plus loin dans cet article : « C’est un fait, aussi : les dirigeants des centrales syndicales, s’ils ont résisté à raison aux pressions visant à les entraîner avec les gilets jaunes… ». Il s’en félicite donc. L’absence des syndicats est assurément aussi un critère qui l’incite à refuser d’accorder son label « mouvement ouvrier »

Laissons-le à ses critères. Nous préférons pour notre part puiser les éléments de notre réflexion chez LéonTrotski.

Dans le « programme de transition » Trotski consacre un chapitre à la question des « syndicats dans l’époque de transition ». Il souligne les limites de ce que peuvent apporter les syndicats dans les grandes mobilisations de la classe ouvrière. Il dit notamment :

« Les syndicats, même les plus puissants, n’embrassent pas plus de 20 à 25% de la classe ouvrière et, d’ailleurs, ses couches les plus qualifiées et les mieux payées. La majorité la plus opprimée de la classe ouvrière n’est entraînée dans la lutte qu’épisodiquement, dans les périodes d’essor exceptionnel du mouvement ouvrier. À ces moments-là, il est nécessaire de créer des organisations ad hoc, qui embrassent la masse en lutte »

Nous voyons chez les gilets jaunes cette « majorité la plus opprimée » de la classe ouvrière dont parle Trotski. Il ajoute plus loin :

« Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. »

La classe ouvrière à maintes fois au cours des dernières décennies fait l’expérience de cette trahison des dirigeants syndicaux qui ont emmené les mobilisations vers des impasses. Nous voyons avec les gilets jaunes cette majorité la plus opprimée de la classe ouvrière qui ne fait plus confiance aux directions syndicales. Les gilets jaunes ne veulent surtout pas que les appareils dirigeants des syndicats se rendent maître de leur mouvement. Ajoutons que l’absence d’avant-garde ouvrière se fait cruellement sentir. Imaginons un moment ce que serait ce mouvement s’il existait aujourd’hui l’équivalent de ce que nous avons connu avec l’AJS (Alliance des Jeunes pour le Socialisme) et la FER (Fédération des Etudiants Révolutionnaires) dans la jeunesse. Oui, c’est cela qui manque pour que nous puissions y voir des drapeaux rouges et pour y entendre l’internationale.

Ajoutons cette citation de Lénine que nous trouvons sur l’indispensable site web de « Marxistes.org » https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/07/19160700k.htm

« La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l'explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans cette participation, la lutte de masse n'est pas possible, aucune révolution n'est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s'attaqueront au capital, et l'avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d'une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l'unir et l'orienter, conquérir le pouvoir, s'emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d'autres mesures dictatoriales dont l'ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne "s'épurera" pas d'emblée, tant s'en faut, des scories petites-bourgeoises. »

Nous avons ainsi au total une bonne description de la composition sociale des gilets jaunes. A côté des plus opprimés de la classe ouvrière, ceux que Hollande appelle les « sans-dents », nous trouvons des « scories petites bourgeoises », des « ouvriers arriérés » qui viennent avec leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Nous ne trouvons pas les professionnels de la politique et du syndicaliste dument affublés du label « mouvement ouvrier » décerné par Daniel Gluckstein. Mais voilà, « objectivement » les gilets jaunes s’attaquent au capital.

Nous avons l’intention, tout en ayant bien conscience que nos forces sont minimes, de nous comporter telle une véritable avant-garde. Nous voulons exprimer « cette vérité objective d'une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité » pour tenter de l’unir et de l’orienter vers la conquête du pouvoir.

Terminons en tournant le dos définitivement à cette pacotille de révolutionnaires que sont devenus les lambertistes. Il ne leur reste plus qu’à parler de révolution les jours de fêtes pour faire des commémorations un jour de la commune de Paris et un autre jour de la révolution d’octobre. Les masses en mouvement vers la révolution se passent d’eux et n’ont que faire de leur mépris.

Essayons de rassembler une véritable avant-garde du mouvement ouvrier. Cela ne peut se faire de notre point de vue qu’au sein de l’UPR qui lutte, sans aucun sectarisme, pour le Frexit.


Moyenne des avis sur cet article :  3.38/5   (13 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • rogal 5 décembre 2018 15:49

    Amis de l’UPR, bon courage !


    • Paul Leleu 5 décembre 2018 18:27

      franchement, les trotskystes, c’est comme les anarchistes dans un autre genre... hyper doctrinaires, et complètement hors-sol... tant qu’à faire, je préfère largement les staliniens, ils sont beaucoup plus dans le réel...

      d’ailleurs, je pense que Mai 68 n’était pas une révolution... il est né dans le milieu étudiant, qui est un milieu fondamentalement et ontologiquement bourgeois et improductif... ce sont juste les grands enfants de la bourgeoisie pas encore entrés dans la vie active, c’est à dire dans les fonctions cadres de l’exploitation du prolétariat... donc, fondamentalement, les staliniens avaient totalement raison de conspuer Mai 68, qui ne fut rien d’autre qu’une révolution vaguement sociétale, et une véritable lame-de-fond réactionnaire jusqu’à aujourd’hui... Clouscard ou Pasolini avaient parfaiement vu ça (et c’est confirmé par les faits).

      Ce qui est encorageant avec les gilets-jaunes, c’est qu’ils ne viennent pas des bourgeois étudiants, mais bien de la classe ouvrière réelle, du prolétariat, et des petits entrepreneurs, qui à un autre stade occupent de toute façon une place d’exploités (ou au moins d’entubés structurels) dans le système capitaliste.


      • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 5 décembre 2018 18:54

        Vous préférez le pire. Je me suis farci des heures de discussion sur Agora vox à la suite d’un article où je défendais les pacifistes opposés à la guerre 14-18. Parmi eux je défendais Lenine et Trotski. Aussitôt j’ai eu droit à un tir de barrage de tous les ennemis de toute révolution. J’ai dû à cette occasion expliquer, à des interlocuteurs peut disposer à m’entendre, que les bolchéviques qui ont fait la révolution d’octobre ne sont pas redevables des innombrables crimes de Staline.
        Si maintenant vous venez vous réclamer de Staline en préférence à Trotski, je capitule. Je ne vais pas reprendre mes explications.
        Quant à mai 1968, ce fut une grève générale dans laquelle les étudiants avaient bien peu de poids et n’auraient jamais fait plier le pouvoir à eux seuls. Ils ont eu un rôle dans le déclenchement de cette grève mais rien de plus. Je ne me suis pas aperçu d’ailleurs que le pouvoir ait changé de main même s’il a un moment vacillé. Il n’y a donc nullement eu de révolution.
        Pour les gilets jaunes je suis d’accord avec vous.


        • Paul Leleu 5 décembre 2018 19:40

          @Jean Dugenêt

          vous remarquerez d’ailleurs que les (séniles) comémorations de Mai 68 s’appesantissent toujours sur les « zétudiants » et bien peu sur les ouvriers.

          Après, je vous suis tout à fait sur le fait que les bureaucrates « staliniens » ont contribué à étouffer la grève ouvrière de 68. Mais après tout, ils collaboraient avec les gaullistes depuis les années 40.

          Ce que je reproche aux trotskistes (ainsi qu’aux anarchistes et à tous les gauchistes), c’est ce que vous décrivez parfaitement : la préférance pour l’alliance social-démocrate contre les staliniens. C’est juste hallucinant !!!! Et c’est la grande hérésie anarcho-trosko-gauchiste, que de préférer en tous temps l’alliance bourgeoisie à la compromission stalinienne... ben, je pense qu’avec le recul d’un siècle on pourrait peut-être tirer enfin les leçons.

          Parce-que les trotskystes, anarchistes et gauchistes passent leur temps à nous faire la retape sur les « bureaucrates staliniens de 68 », mais ils passent sous silence leurs propres trahisons qui sont cent fois pires. Alors ça commence à bien faire. D’ailleurs, vous montrez très bien comment Glückstein est complètement à côté de la plaque sur les gilets-jaunes.

          Enfin, on peut critiquer le stalinisme des grandes purges, sans tomber non plus dans la naïveté. Le bolchevisme de Lénine et Trotsky était tout aussi violent. Car « on ne fait pas la révolution avec des gants blancs » disait Lénine. C’est la vraie question : à quel degré de violence révolutionnaire sommes-nous prêts ? A quel degré de guerre civile ? Et à quel risque et sacrifice personnel sommes-nous prêts (car la violence n’est jamais à sens unique) ? Moi je pense que les missiles soviétiques ont fait plus pour le prolétariat de l’ouest que pas mal de grèves. On le voit d’ailleurs depuis l’affaiblissement et la disparition de l’URSS. Après, on en pense ce qu’on veut, mais la vie est ainsi, avec sa part de tragique.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 5 décembre 2018 21:40

          @Paul Leleu
          J’ai en effet beaucoup de reproches à faire à toutes les organisations connues qui se réclament peu ou prou du trotskisme. Mais si j’ai tant de reproches à leur faire c’est parce que, de mon point de vue, elles ont rompu avec le trotskisme tout en continuant à s’en réclamer. D’ailleurs vous voyez que dans mes citations je ne me prive pas d’aller chercher des textes de Trotski que j’utilise contre les lambertistes et je fait parfois de mêmes pour d’autres qui ne valent guère mieux au NPA ou chez LO.
          La question de la violence révolutionnaire que vous évoquez nécessiterait tout un article. Je m’y mettrai peut être. Pour faire vite, je pense que les révolutions ne sont guère violente. Ce sont des actes de démocratie. Elles sont en effet le fait d’un peuple qui se débarrasse d’un régime détesté alors que ceux qui dirigent veulent s’accrocher au pouvoir quand le peuple ne veut plus d’eux. Si les adversaires de ceux qui font les révolutions disaient : « oui, vous avez eu raison de prendre la Bastille ou le Palais d’Hiver... Il y avait trop d’injustices... » tout irait bien. Mais ils veulent garder leur privilège et se lancent dans des guerres civiles en faisant souvent appel à des puissances étrangères. C’est à partir de là que les guerres civiles qui suivent les révolutions peuvent faire des morts.


        • Paul Leleu 6 décembre 2018 00:01

          @Jean Dugenêt

          d’accord avec vous que les guerres civiles qui suivent les révolutions sont généralement le fait de la bourgeoisie haineuse et accrochée à ses rentes inhumaines...

          je ne comprends même pas comment on peut être capitaliste... c’est vraiment tout un état d’esprit individuel que de s’épanouir dans l’exploitation de son frère humain... faut vraiment être cousu de travers... !

          en terme psychanalytique, je pense que le capitalisme doit être une forme de perversion sexuelle. Ils ont vraiment un problème à ce niveau en tous cas.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 6 décembre 2018 08:13

          @Paul Leleu
          Je suis bien d’accord. Où est le plaisir pour les milliardaires d’accumuler de telles fortunes en regardant toute la misère du monde ? Je pense en particulier à tous ceux qui se noient en Méditerranée en essayant de venir chez nous.


        • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 5 décembre 2018 22:05

          Merci beaucoup pour ce long texte.
          J’ai peine à chercher des points de désaccords afin de discuter.

          Je vais plutôt me concentrer sur les propositions que tu fais. Je suis bien sûr d’accord pour l’action dans l’UPR avec la ligne de François Asselineau. En m^me temps je propose, et tu sembles d’accord, d’essayer de regrouper une avant-garde du mouvement ouvrier. Au vu de tout ce qu’on a dit cela ne peut donc se faire que dans l’UPR.

          Tu dis : "Cette absence d’une véritable avant-garde politique autonome du mouvement ouvrier n’est pas une fatalité. Divers groupes s’efforcent aujourd’hui de contribuer à sa reconstruction.« 
          Je serais intéressé d’en savoir plus à ce sujet. Si des groupes sont d’accord pour essayer de constituer une avant-garde du mouvement ouvrier je suis ouvert à toute proposition dans ce sens. Il faut évidemment les convaincre, si ce n’est déjà fait, de l’absolue nécessité du Frexit et à partir de là, il faut leur demander de rejoindre l’UPR. Il sera alors possible que nous nous concertions pour voir ce qu’on pourrait faire ensemble.

          A un moment du dis :

           »Même si beaucoup, ici, ne seront pas d’accord avec moi, l’organisation d’élections législatives anticipées peut-être une autre façon de désamorcer la lutte revendicative des gilets jaunes.

          "

          Je pense que le pouvoir est complètement déconsidéré. J’ai donc envisagé trois cas :

          1. Dissolution de l’Assemblée Nationale pour que Edouard Philippe s’en aille et Macron reste (Il est possible que Macron tente le coup. Il n’y a que lui qui a le pouvoir de dissoudre pour faire des élections anticipées) ;
          2. Procédure de destitution pour que Macron s’en aille. Il faudrait alors que des députés de la majorité votent pour la destitution afin de se sauver auprès de leur électorat (proposition de F. Asselineau que je soutiens) ;
          3. La troisième solution : ils ne font rien et risquent de se faire chasser tous par un mouvement révolutionnaire... Je n’ai rien contre mais l’issue est incertaine.

          Merci à toi.


          • Jean Dugenêt Jean Dugenêt 7 décembre 2018 12:04

            @cettegrenouilleci
            Bonjour,

            Je retiens ta conclusion :
            "L’avant-garde politique de la classe ouvrière doit exister et se développer en dehors de l’UPR pour occuper la place qui lui revient au sein de l’ensemble des forces qui se rassemblent dans l’UPR, autour de François Asselineau."

            Toute la question est de savoir comment recruter, former cette avant-garde. Il faut partir de ce qui existe et je vois mal comment faire pour l’instant hors de l’UPR. Si on regarde quels sont ceux qui se prononce pour l’indispensable Frexit. En plus de l’UPR, on trouve :
            les lambertistes (POI et POID) ;
            le PCRF ;
            le ParDem ;
            CPS (Combattre Pour le Socialisme).

            Avec cet article j’explique que je rejette les lambertistes. Je ne pense guère possible de faire quoi que ce soit avec eux. C’est dommage car énormément de militants de valeur se sont usés dans ces organisations mais ce n’est pas chez eux qu’on trouvera la flamme de la jeunesse révolutionnaire qu’il nous faut.

            Il y a le PCRF qui est issu d’une rupture avec le PCF. Ils sont sans doute très marqués par la politique du PCF mais il faut voir.

            Le ParDem (parti de la démondialisation). Je ne comprends pas pourquoi ils ne rejoignent pas l’UPR. Ils insistent sur une divergence qui me paraît artificielle : il ne veulent pas sortir par application de l’article 50. Je ne vois pas quoi faire avec eux.

            Il reste CPS (Combattre Pour le Socialisme). Ils sont issus des coupures avec les lambertistes à la suite de 1981. Ce sont certainement ceux qui ont les analyses les plus fines et il y a sans doute chez eux des militants très expérimentés. Mais ils donnent l’impression d’un petit groupe replié sur lui-même qui ne cherche pas à s’adresser à la masse de la jeunesse et des travailleurs. Ils sont quasiment absents des réseaux sociaux. Ils semblent s’éterniser dans des discussions de spécialistes sur le passé des trotskistes. Je vais cependant essayer de prendre contact avec eux.

            Pour l’heure je ne vois d’autres solutions que de continuer sur la voie où nous sommes.

            Un petit mot pour finir sur les lycéens de Mantes la Jolie. Je pense que tu as vu les photos et la vidéo sur cette scandaleuse répression contre des jeunes (très jeunes) gens. Ce qui se passe ne peut que lancer toute la jeunesse dans la révolte au moment où la voie est ouverte par le mouvement des gilets jaunes. Il y a urgence à regrouper une avant-garde car nous ne voyons pas où cela peut mener. La révolte risque d’être sauvage et il sera difficile sans avant-garde de la guider vers la révolution.

            Bonne journée à toi.


          • eric 6 décembre 2018 12:34

            Mais c’est ce que pensent toutes les gauches. « Les Fn sont des bacs moins 4 ». « Les fâchés et les fachos ». C’est du reste, et ce n’est pas un hasard, le même discour que tiennent les Laremistes en privé...

            Simplement, une partie d’entre elles se dit qu’aujourd’hui, on doit pouvoir instrumentaliser leur colère. Le trotskard a très bien vu que les gilets jaunes, veulent que les gauches, c’est à dire les gens qui vivent de l’argent public, rendent des comptes aux payeurs.

            Comme en 68, les Lambertistes savent que « la situation n’est pas objectivement révolutionnaire ». Et c’est vrai ?

            Quand Besancenot va faire appel aux CRS pour « qu’il se solidarisent avec la juste colère populaire », il va découvrir que Macron a vraiment une culture de gauche. Comme tous ses prédécesseurs, si il a trop peur, il fera tirer pour établir l’ordre à la satisfaction général de son électorat et des centre droite. Comme en 48 ; Et à l’époque, le PC et la CGT, ils sortaient de la guerre...

            Aujourd’hui, l’utragauche d’opérette, celle qui en définitive a fait élire Macron, va à nouveau servir de supplétif à la gauche dépense publique pour que le peuple ne mette pas son nez dans ses finances.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Jean Dugenêt

Jean Dugenêt
Voir ses articles



Publicité




Palmarès



Publicité