Il peut sembler superfétatoire de consacrer un gros livre à Bonapartisme et gaullisme. Ce sont surtout les adversaires du second qui l'ont comparé au premier dans un souci polémique et avec une intention outrageante. La préoccupation de Francis Choisel n'est pas de se placer avec d'autres dans l'analyse politique mais dans un ordre strictement historique. Docteur en histoire, professeur à l'Institut catholique, spécialiste du second Empire, il procède selon une rigoureuse méthode comparative en se basant uniquement sur les textes de Napoléon III et de de Gaulle. Il ne se réfère pas aux antécédents que sont le premier Empire et le gaullisme de guerre. Le second Empire et la Ve République sont seuls considérés par lui comme "les époques du bonapartisme et du gaullisme purs, matures".
Il s'agit donc avant tout d'une étude comparée. Et M. Choisel en arrive à une première conclusion : le gaullisme n'est pas un avatar du bonapartisme car il n'y a pas de filiation de l'un à l'autre. Ils sont deux phénomènes de même nature, mais distincts. En revanche, l'un et l'autre, chacun en son temps, a réalisé la synthèse des théories politiques, économiques et sociales du moment. De même, ils ont tous deux aspiré à réaliser un pouvoir efficace et stable, une économie prospère, le progrès social et à développer l'autorité extérieure de la France. Mais surtout la naissance et la mort des deux systèmes se produisent dans des circonstances comparables. Nés d'un coup d'Etat ratifié par le peuple approuvant une nouvelle Constitution après que la patrie se soit sentie en danger, mettant au pas les notables et les opposants, ils disparaissent lorsque se conjugent venant de droite et de gauche des mécontentements divers sur le thème du refus de l'omnipotence de l'exécutif.
Ils s'appuient aussi sur l'antiparlementarisme de l'opinion publique mais ne résistent pas au parlementarisme lorsque celui-ci peut convaincre qu'il est l'adversaire du despotisme. Favorisés par les crises ils sont inadaptés aux temps ordinaires. Le parallélisme établi par Francis Choisel, textes à l'appui, est, à cet égard, saisissant. Toutefois, bien qu'il esquisse une théorie des " cycles longs ", l'auteur se refuse à toute prédiction et suggère seulement que gaullisme et bonapartisme de demain seront le fait d'hommes et de temps extraordinaires.
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