Couverture fascicule

Choisel Francis, Bonapartisme et gaullisme

[compte-rendu]

Fait partie d'un numéro thématique : Dossier : Penser le fascisme
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Choisel Francis, Bonapartisme et gaullisme, Paris, Albatros, 1987, 380 p., 150 F.

De Gaulle, on le sait, naquit à l'héroïsme un 18 juin, qui fut le jour de Waterloo, et mourut un 9 novembre, ou 18 Brumaire. On sait aussi qu'en 1958 et tout au long des premières années de la Cinquième République, de « coup d'Etat » en « forfaiture », ses adversaires virent en lui un Badinguet de belle taille, qui violait la « tradition républicaine » depuis le 13 mai en dialoguant

directement avec le peuple, en abusant du référendum-plébiscite, en exerçant le pouvoir en solitaire. De cet héritage politico-astral, F. Choisel se soucie peu. Son propos est autre : il n'entend pas démontrer qu'il y aurait eu filiation, directe ou indirecte, du bonapartisme au gaullisme, mais s'attache à tirer le parallèle entre les situations et les solutions qu'à un siècle de distance les deux systèmes ont dû dénouer et promouvoir. Textes de Napoléon III et de Charles de Gaulle à l'appui, ce spécialiste du Second Empire, qui enseigne à l'Institut catholique de Paris, invente un genre, à mi-chemin entre la science politique des « modèles » et l'histoire des nuances : le parallélisme thé- matico-chronologique à marche forcée.

Sa minutie et son allant sont convaincants. Oui, « le bonapartisme et le gaullisme sont une réponse à une déstabilisation des schémas de pensée traditionnels en même temps qu'une rupture de l'équilibre de la société ou de l'Etat. L'éclatement du consensus les appelle ; son rétablissement engage leur décomposition » : on peut le démontrer à satiété pour tout ce qui touche aux idées fondamentales (ordre et liberté, progrès et prospérité, grandeur de la France), aux charismes des chefs, aux politiques économiques ou extérieures, aux bons usages du pouvoir ou aux mœurs de la Cour, aux déconfitures de l'opposition. Cet ordonnancement dans la symétrie porte à l'euphorie : F. Choisel ne dissimule pas qu'il introduit la notion de « cycle » dans l'évolution politique de la France. On peut s'en tenir à ce satisfecit mérité et utiliser son livre comme un manuel d'histoire comparée assez piquant. Mais l'histoire, hélas, est tout autre chose qu'un habile parallèle : elle doit prendre en charge les enchaînements et les ruptures. A ce point du raisonnement, F. Choisel est muet.

Jean-Pierre Rioux