En 1984, au lendemain de son explosion sur la scène électorale
(2,2 millions de voix aux élections européennes), Jean-Marie
Le Pen décide de mettre Dieu dans le moteur de son mouvement, qui
s’en était passé depuis sa création en 1972. Il n’est pas
impossible qu’il ait été impressionné par la très massive
mobilisation de mai 1984 pour l’école libre, qui attestait la
forte vitalité d’un vieux fond chrétien chez les Gaulois... Il fait
place, au sein de l’appareil, à de nombreux catholiques proches de
Mgr Lefebvre, l’évêque rebelle à Vatican II. Le Pen
apporte à ces catholiques frustrés une visibilité politique. Les
catholiques intransigeants lui apportent un ancrage sur le terrain
des symboles et des valeurs.
Ces cathos ralliés au lepénisme sont structurés
autour de la forte personnalité de Bernard Antony, alias Romain
Marie et ses Comités chrétienté-solidarité, mais aussi autour du
journal Présent, où s’illustre la verve polémique de Jean
Madiran. Sans oublier la fameuse association Agrif (Alliance
générale contre le racisme et pour le respect de l’identité
française et chrétienne). L’objectif de Le Pen est de séduire plus
largement les catholiques qui refusent la loi sur l’IVG, se
lamentent de la dissolution de la famille et de la perte des
valeurs, mais ne sont pas intégristes. Le Pen dira plus tard :
« Les valeurs que je défends sont celles du décalogue, de
façon explicite. Et il n’existe aucun autre homme politique en
France qui dit ce que je dis. »
La référence à un champ sémantique sacré
– celui de la nation – fait partie d’un