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Le parti de Viktor Orban se bannit lui-même du PPE au Parlement européen

Le Fidesz du Premier ministre hongrois a décidé de quitter le groupe parlementaire du PPE pour éviter une humiliation. Le groupe a voté mercredi matin une révision de ses statuts permettant la suspension ou l'exclusion d'élus qui ne respecteraient pas les valeurs de la démocratie et de l'Etat de droit.

Viktor Orban était venu en septembre 2018 défendre sa politique migratoire devant le Parlement européen à Strasbourg.
Viktor Orban était venu en septembre 2018 défendre sa politique migratoire devant le Parlement européen à Strasbourg. (AFP/FREDERICK FLORIN)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 3 mars 2021 à 12:52Mis à jour le 3 mars 2021 à 16:27

Coup de théâtre au Parlement européen. Le parti du Premier ministre nationaliste Viktor Orban a décidé de quitter le groupe parlementaire du parti populaire européen (PPE), sa famille politique depuis toujours, plutôt que risquer l'humiliation d'en être suspendu, voire exclu. La décision du Premier ministre hongrois, en délicatesse avec le PPE depuis des mois, s'est faite à l'occasion du changement des statuts du groupe parlementaire. Les élus du PPE ont voté mercredi matin à une très large majorité (148 sur 180) des modifications qui permettront au parti de sanctionner par une suspension ou une exclusion toute dérive d'un groupe d'élus qui ne respecteraient plus les valeurs du parti.

« Je vous informe que les membres du Fidesz se retirent du groupe PPE » avec « effet immédiat » , écrit le dirigeant dans une lettre postée sur Twitter par Katalin Novak, la vice-présidente du parti, dénonçant une démarche « hostile » visant « clairement » son parti.

« C'est antidémocratique, injuste et inacceptable », condamne-t-il. « Il est tout à fait décevant de voir que le groupe du PPE tente de réduire au silence nos eurodéputés démocratiquement élus ».

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Viktor Orban avait alerté dès dimanche dans une lettre le président du groupe, Manfred Weber, qu'il retirerait les 12 élus du Fidesz si le texte était voté en l'état. Par comparaison, la CDU-CSU allemande compte 29 élus et LR, 8. Avec le départ du Fidesz, le PPE restera le premier groupe politique au Parlement européen avec 175 élus sur 705.

Attaques contre les ONG et les médias

Viktor Orban a manifestement mûri sa décision et considéré qu'il n'était décidément plus le bienvenu au sein du PPE. A l'inverse, de plus en plus d'élus d'inspiration démocrate-chrétienne ne parvenaient plus à accepter ses dérives anti-démocratiques, anti-européennes et surtout ses attaques contre les ONG et les médias.

Le premier ministre hongrois n'a rien dit de ses intentions à l'égard de son maintien dans le PPE, qui rassemble par-delà des seuls pays membres de l'Union européenne. Les instances du Parti populaire européen doivent se réunir pour décider de l'exclusion du Fidesz, réclamée par plusieurs petits partis. La rencontre sera convoquée par son président Donald Tusk quand la pandémie le permettra.

Ce départ met fin à un feuilleton de plusieurs années : l'exclusion du Fidesz a été réclamée et débattue plusieurs fois au sein du PPE, en raison de ses virulentes prises de position anti-Bruxelles et de mesures jugées attentatoires aux droits fondamentaux. Mais chaque fois la ligne du compromis l'emportait, la direction du groupe estimant qu'il valait mieux garder le parti trublion en son sein pour tenter de le contrôler à défaut de l'amender, plutôt que de le laisser livré à lui-même ou pire, rejoindre un autre groupe plus à droite de l'hémicycle.

Exclusions possibles à l'avenir

La réforme des statuts intervient à la suite des sanctions décidées en décembre contre l'eurodéputé du Fidesz Tamas Deutsch, qui avait comparé l'attitude de Manfred Weber, le président du groupe PPE, à celle de la Gestapo. Une quarantaine de parlementaires PPE (sur 187), emmenés par l'Autrichien Othmar Karas, avaient alors réclamé son exclusion, mais l'eurodéputé n'avait finalement été qu'à demi sanctionné d'un retrait de ses droits à s'exprimer en plénière au nom du PPE et à être nommé rapporteur. A l'avenir, les nouveaux statuts faciliteront la possibilité de suspendre ou d'exclure un groupe d'élus.

Catherine Chatignoux

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