Éric Zemmour sème la pagaille chez les Républicains

Publié le 29 septembre 2021 à 16h16
Eric Zemmour
Eric Zemmour - Source : JOEL SAGET / AFP

DIVISER POUR MIEUX RÉGNER - Alors qu'Éric Zemmour multiplie les offensives pour déstabiliser les Républicains, ces derniers n'ont pas encore trouvé la bonne parade pour le contrer. Et apparaissent divisés sur l'attitude à adopter face au polémiste.

Le 23 septembre dernier, l’entourage d’Éric Zemmour laissait entendre que le polémiste pourrait rejoindre la liste des candidats à l’investiture LR pour la présidentielle. Depuis, le polémiste répète à l’envi qu’il est le seul héritier du RPR (ex-UMP) et que LR est devenu un parti centriste qui a trahi le général de Gaulle. Des offensives qui sèment la zizanie au sein des Républicains, d’autant plus que ses membres sont en désaccord sur la tactique à mettre en place pour répliquer. Le sujet a d’ailleurs occupé une bonne partie du bureau politique du parti qui s’est tenu ce mardi 28 septembre.

Faut-il accepter de soumettre le nom d'Éric Zemmour aux militants LR lors du congrès qui désignera leur candidat à la présidentielle ? Lundi, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy y a ouvert la porte. "Je ne vois pas ce qui empêcherait cela. On a besoin du dialogue le plus ouvert et le plus large", a-t-il déclaré. Mais le patron du parti, Christian Jacob, a estimé mardi qu'Éric Zemmour n’avait "rien à faire dans le cadre de notre sélection". "Au fur et à mesure qu’il s’exprime, on partage de moins en moins de choses avec lui", a ajouté celui qui refuse pourtant de désigner le polémiste comme raciste et d’extrême droite.

Si Éric Zemmour est persona non grata, alors faut-il débattre avec lui ? C'est ce que pense le patron des députés LR, Damien Abad, qui dans un courrier daté de ce mercredi 29 septembre, propose au souverainiste de débattre avec lui. "Les Français ont droit à un débat éclairé pour comprendre ce qui différencie la droite républicaine d’Éric Zemmour. Mon groupe parlementaire formule des propositions depuis près de 5 ans. Je suis prêt à les défendre face à Éric Zemmour", justifie-t-il dans un communiqué de presse. Mais là encore, cette initiative ne fait pas l'unanimité au sein du parti. 

"Nous n'avons pas à débattre avec Éric Zemmour"

"Je ne suis pas d’accord avec Damien Abad : nous n’avons pas à débattre avec Éric Zemmour pas plus que nous n'avions à débattre avec Jean-Marie Le Pen. Comme Jacques Chirac, il faut clairement dresser une digue avec celui qui met sur le même plan De Gaulle et Pétain", a tweeté le maire du Touquet, Daniel Fasquelle, soutien du candidat à la présidentielle Michel Barnier. 

Le député Eric Ciotti - qui s'est dit prêt à voter pour Éric Zemmour plutôt qu'Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle - est également contre, mais pour d'autres raisons. Celui qui, selon son entourage, juge cette démarche "présomptueuse" et "malsaine", a plutôt peur que les électeurs se rendent compte de la proximité des Républicains avec Éric Zemmour. "Cela va créer de la connivence, car ils seront d'accord sur beaucoup de choses, c’est de la folie. Nos électorats sont proches", a confié un membre de son entourage à LCI. Toujours selon cette source, il ne faut pas "ostraciser" Éric Zemmour qui "dit des vérités" et "des choses qui parlent aux gens". "Le victimiser, ça le sert à mort", ajoute-t-elle.

Le polémiste et écrivain met également dans l'embarras LR en forçant ses membres à assurer que leur parti n'a rien à voir avec lui, alors que deux de ses thèmes fétiches, immigration et islamisme, occupent largement le terrain à droite, où les discours se sont durcis, notamment parmi les prétendants républicains à l'investiture pour la présidentielle. Aussi, Éric Zemmour, Xavier Bertrand et Michel Barnier ont en commun de souhaiter un référendum sur l'immigration. Le polémiste sait également qu'il a parfois été le bienvenu chez les Républicains : en 2019 encore, il était accueilli en grande pompe au siège du parti. "Éric est ici chez lui", lançait le président d'alors, Laurent Wauquiez.

Signe qu'Éric Zemmour observe avec délectation l'incendie qu'il a allumé : son tweet de réponse à la proposition de débat de Damien Abad. "Vous vous proposez parce que votre patron, Xavier Bertrand, n'ose pas le faire ?", ironise-t-il. En effet, Xavier Bertrand, favori à l'investiture LR pour l'élection présidentielle, n'a plus aucune responsabilité au sein des Républicains, parti dont il n'est même plus membre depuis 2017.


Justine FAURE

Tout
TF1 Info