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Les petits arrangements de Raphaël Glucksmann sur son passé libéral

La tête de liste aux européennes soutenu par le parti socialiste a été un peu plus proche d'Alternative libérale qu'il ne le dit. Une vidéo en témoigne.
par Service Checknews
publié le 19 mars 2019 à 6h51

Dans un article publié hier sur CheckNews, nous confirmions que Raphaël Glucksmann, ne s’est pas présenté aux élections législatives de 2007 sous les couleurs du parti Alternative Libérale, contrairement à ce qu’affirment certains opposants.

Interrogé lors de la conférence de presse de son mouvement Place Publique, celui qui mène désormais la liste soutenue par le parti socialiste aux élections européennes du 26 mai prochain avait nié en bloc toute proximité avec le petit parti ultralibéral : «Je n'ai jamais eu ma carte, ni été candidat, ni rien.»

Répondant à CheckNews, il enfonçait le clou en jurant n'avoir jamais même eu l'idée d'une telle candidature : «En 2007, je n'ai jamais voulu ou même envisagé d'être député, ni national ni européen d'ailleurs», insistait-il.

Le fondateur d'Alternative libérale, Edouard Fillias, candidat à l'élection présidentielle de 2007 racontait à CheckNews une histoire un peu différente : «Raphaël [Glucksmann] était bien candidat, mais s'est retiré peu de temps avant le dépôt des candidatures.»

Parole contre parole, donc. Nous n'avions jusqu'ici accès, pour trancher, qu'à une courte vidéo, abondamment coupée, d'une réunion de septembre 2006 exhumée par le site Les Crises, où Fillias lance : «Je vais passer la parole à Raphaël Glucksmann qui sera candidat pour Alternative libérale».

Un malentendu, selon l'intéressé. «Quand ils m'ont présenté comme futur candidat, j'ai ensuite insisté pour que ce soit retiré, s'était justifié Glucksmann auprès de CheckNews. Le fondateur pensait sûrement que tous les intervenants présents allaient être candidats. Mais ce qui est sûr, c'est que je ne l'ai jamais été !» L'actuelle tête de liste aux Européennes ajoutait : «J'ai été invité par un ami engagé sur la question de la dépénalisation du cannabis et je me suis retrouvé qu'avec des gens de la droite libérale, qui daubaient sur la Sécu. Ça n'a jamais été mes positions !»

«Voilà pourquoi je pense que nous serons utiles»

Sauf que dans son entièreté, la vidéo de la conférence de presse d'Alternative libérale, que nous avons retrouvée, bat quelque peu en brèche la version de Glucksmann. CheckNews a pu visionner ce document, où quatre cadres du mouvement déroulent leur programme. Ensuite, Edouard Fillias passe la parole au «candidat» Glucksmann.

Lequel enchaîne, pas vraiment surpris d'être ainsi désigné : «Moi j'ai toujours été séduit par la philosophie libérale mais j'ai jamais eu d'engagements sur le terrain politique, je ne me suis engagé que dans des associations. Et je vais vous expliquer brièvement pourquoi j'étais intéressé par ce mouvement et par cette candidature.»

Glucksmann déroule ensuite pendant 5 minutes un programme de politique étrangère, entre europhilie et rejet véhément de la Françafrique Il promet la rupture : «En France, vous avez l'alternance entre le PS, le RPR ou l'UMP et l'UDF, depuis trente ans. Vous avez des alternances, mais vous n'avez jamais aucun changement dans la politique étrangère. Et ça, on va y mettre fin, on va mettre fin à ces scories de la politique étrangère» Et de conclure : «Voilà pourquoi je pense que nous serons utiles aussi sur ce débat de la politique étrangère, qui de toute façon n'aura pas lieu si nous ne sommes pas là.» Un emploi du «on» puis du «nous» étonnant pour qui jure aujourd'hui n'avoir jamais imaginé un avenir avec le parti ultralibéral.

Comme nous l’écrivions hier, les archives du net montrent que Glucksmann a ensuite été présenté pendant plus de deux mois, au moins jusqu’à début mars 2007, comme candidat dans une circonscription parisienne sur le site du parti ultralibéral.

Ce qui est vrai, en revanche, c’est qu’il s’est retiré avant le dépôt officiel des candidatures. Sa version, sur ce point, colle avec celle d’Édouard Fillias, les deux évoquant des divergences de vues, notamment sur les questions sociales. La fin de la courte histoire de Glucksmann avec Alternative libérale est donc vraie. Le début, un peu moins.

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