UDI-Modem : les contours flous de "l'Alternative"

Huit mois après la mise en place de l'alliance et le succès en demi-teinte des européennes, les centristes s'interrogent sur leur avenir.

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Yves Jégo, président par intérim de l'UDI, est candidat à la succession de Jean-Louis Borloo.
Yves Jégo, président par intérim de l'UDI, est candidat à la succession de Jean-Louis Borloo. © AFP PHOTO

Temps de lecture : 4 min

"Nous avons décidé de nous rassembler." Ainsi Jean-Louis Borloo actait, le 5 novembre 2013, la création de l'Alternative, alliance de l'UDI et du MoDem. Huit mois après, l'empreinte laissée par le label est encore floue. Le 14 juin, au conseil national de l'UDI, les questions foisonnent sur son avenir. Deux motions réclament une fusion des partis. Une proposition qui, si elle a été reportée sine die, met au jour la fragilité de l'alliance entre le centre "ni-ni" et le centre-droit.

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L'Alternative n'est encore pilotée par aucune structure. Bien que sa charte prévoie la mise en place d'un bureau exécutif, celui-ci ne s'est encore jamais réuni. Sans structure de pilotage, UDI et MoDem s'accommodent d'un dialogue "permanent, mais pas institutionnalisé", résume François Bayrou. Les dirigeants mènent surtout des "discussions souterraines", estime un député UDI, "des plans B, des plans C, le type de stratégie qui va nous planter".

Pour justifier le bien-fondé de l'Alternative, l'UDI s'accroche à son premier bilan électoral. Les européennes ont été un succès, s'accorde-t-on à dire au parti, dans une unanimité presque récitée. Les responsables auraient ainsi conclu, lors d'un débriefing informel au lendemain des élections européennes, que "s'il n'y avait pas eu l'Alternative, on n'aurait plus de députés européens aujourd'hui", se rappelle Philippe Vigier, député de l'Eure-et-Loire. Le son de cloche est tout autre du côté de François Sauvadet : "On a tous fait le même constat, on ne peut pas faire autrement (que s'allier au MoDem, NDLR), mais le résultat n'est pas satisfaisant." L'ancien ministre, qui reste "ouvert" à une collaboration avec François Bayrou, estime s'être fait "entourlouper" : "Après l'élection, on a trois députés UDI et quatre MoDem... Cherchez l'erreur."

Entre fusion, statu quo et rupture

Le congrès de l'UDI, qui se tiendra le 15 novembre, risque fort de déterminer l'avenir de l'alliance. Les leaders des différentes chapelles s'affrontent pour succéder à Jean-Louis Borloo, retiré de la vie politique depuis avril, et chacun porte sa propre vision de l'Alternative. D'un côté, on trouve - largement minoritaires - les partisans d'une fusion totale avec le MoDem, réunis derrière le candidat Jean Arthuis ; de l'autre, ceux qui se satisfont de cette alliance, mais qui la souhaitent plus approfondie et plus idéologique, comme Hervé Morin. Puis, en face, de farouches opposants à tout rapprochement avec le parti de François Bayrou. Leur candidat Jean-Christophe Fromantin n'aurait aucun état d'âme à mettre fin à l'Alternative, qui relève "du pur marketing politique, c'est un habillage pour que certains s'attirent un avenir politique", selon lui.

Si certains l'envisagent, l'idée d'un mariage avec le MoDem reste proscrite pour une majorité de cadres. Philippe Vigier, patron des députés UDI, est intraitable : "Personne ne veut de fusion avec Bayrou, impossible !" Le débat provoqué ferait presque oublier l'avis du principal intéressé... Car, pour l'heure, François Bayrou n'envisage pas de dissoudre son parti : "Pour l'instant, il y a l'UDI d'un côté, le MoDem de l'autre. Mais j'ai la conviction que des rapprochements plus étroits viendront." L'affaire est réglée, du moins pour l'instant.

Alliance à gauche ou à droite

La réticence de l'UDI à toute fusion n'est pas qu'affaire d'hommes. En toile de fond reste le souvenir douloureux des dernières élections. Beaucoup de cadres UDI n'ont toujours pas encaissé les alliances périlleuses que le MoDem a liées aux élections municipales avec la majorité socialiste, dans des villes comme Dijon ou Lille. Car la charte de l'Alternative dresse l'UMP comme "partenaire" naturel et considère comme "impossible" toute alliance avec le Parti socialiste. Si de nombreux responsables UDI sont convaincus que François Bayrou n'est plus tenté par aucun rapprochement avec la gauche, au parti, on regrette parfois "que le mea culpa n'ait pas été plus clair ; pour beaucoup de militants, ça reste important", admet Hervé Morin.

Sinon un mea culpa, nombreux sont ceux qui réclament au moins une "clarification", condition sine qua non à toute poursuite de l'Alternative. Une prise de position claire de François Bayrou, contractuelle, qui acte son entrée définitive dans l'opposition, dans une collaboration totale avec l'UDI et un rejet de la majorité socialiste. Finalement, c'est sûrement Hervé Morin qui résume le mieux la posture de l'UDI, au conseil national de juin : "Y a-t-il un chemin entre, d'un côté, la petite aventure extraconjugale d'une nuit et, de l'autre, le mariage en grande pompe dans les salons du château de Pau ? À vrai dire, je ne sais pas."

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Commentaires (15)

  • France07

    L'UDI c'est quoi ? Un recyclage hétéroclite de cacique vieillot, des mous en quelques sortes. Jouanno, Jégo, Morin, Bourlanges, Arthuis, Yade ils ont tous à un moment ou à un autre toucher les bancs des ministères durant les 10 années précédentes. Et j'ajoute au sommet de cette liste l'éternel girouette Bayrou gambadant là où le vent le mène au mieux de ses interets. La droite a t'elle besoin de ces gens ? Clairement Non car ils sont dejà existants à l'intérieur de la droite. Sincérement faites moi la différence ? Entre Arthuis Morin et Fillon Le Maire ou même entre Yade Pecresse et Juppé - Raffarin versus Bayrou. Il n'y aucune " différence " sauf celles des ambitions larvées pour les fauteuils, l'alternative grande expression pour rien dire est un trompe l'oeil.

  • Aphroditechild

    UDI-Modem ! Union virtuellement sacrée qui ne sait vraiment pas quel chemin prendre et en même temps, essayer de rassembler'UMP afin que ces trois Partis tombent ensemble dans la même abîme. Notre démocratie s'appauvrit de plus en plus et nos politiques tournent en rond, usés jusqu'à la corde puisqu'ils ont perdu toute compétence et sérieux pour que l'on puisse leur faire confiance.

  • Petit malin

    Qu'attendre du Centre ? Ils sont petits et divisés, et comme à l'UMP il y a 15 chefs pour prendre la tête de cette armée mexicaine !
    Il n'y a rien à attendre du centre... Ce n'est qu'une force d'appoint pour la Gauche ou la droite. Cela l'a toujours été à part l'exceptionnelle parenthèse VGE et de l'UDF (preuve qu'il faut des "chefs" incontestés).

    Ils n'ont d'ailleurs aucun leader charismatique. Celui qui émergeait était Borloo qui est "out". Bayrou avec ses aventures personnelles (MODEM) et ses allers retours de droite à gauche est hors jeu.

    Le centre n'aurait des chances qu'avec un régime parlementaire avec beaucoup de proportionnelle, pour faire chuter les gouvernements comme sous la IV°. Espérons ne jamais revoir cela...
    Qu'il se décide qui soutenir, ce sera déjà pas mal.