Code d'Ur-Namma

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Code d'Ur-Namma
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Tablette du Code d'Ur-Namma. Musée archéologique d'Istanbul.
Présentation
Langue(s) officielle(s) sumérien
Adoption et entrée en vigueur
Rédacteur(s) Ur-Namma (ou Shulgi)
Adoption vers 2100-2050 av. J.-C.

Ur-Nammu (assis) reçoit une délégation (sceau imprimé, vers -2100).

Le Code d'Ur-Namma est la plus ancienne tablette contenant un code juridique qui nous soit parvenue. Elle fut rédigée en sumérien vers 2100-2050 av. J.-C., à l'époque de la troisième dynastie d'Ur. Bien que le préambule attribue directement les lois au souverain Ur-Namma de la cité d'Ur (2112-2095 av. J.-C.), certains historiens estiment qu'il pourrait s'agir de l'œuvre de son fils Shulgi.

Sources[modifier | modifier le code]

Le Code d'Ur-Namma n'est pas connu par des exemplaires de son époque, mais par des copies postérieures. Il était inscrit sur une ou plusieurs statues représentant le roi, qui ont disparu[1], mais à partir de laquelle ou desquelles il a été recopié par des scribes à l'époque paléo-babylonienne (v. 1900-1600 av. J.-C.). Le premier exemplaire de copie du code fut découvert en deux fragments à Nippur, puis fut traduit par Samuel Kramer en 1952. L'état partiellement détruit de l'exemplaire ne permit de lire que le prologue ainsi que seulement cinq lois[2]. Des tablettes furent ensuite trouvées à Ur puis traduites en 1965 permettant la reconstitution de près de 40 des 57 lois que comprend le texte[3]. Un autre exemplaire découvert à Sippar contient de légères variantes.

Contenu[modifier | modifier le code]

Les lois sont exprimées sous la forme casuistique : si (un crime est commis), alors (un châtiment est appliqué). Il s'agit là d'un modèle qui sera par la suite imité dans les codes suivants. Pour l'un des plus anciens codes juridiques connus, l'avancée est remarquable. Il institue, par exemple, une forme de compensation financière en cas d'atteinte physique, que l'on peut opposer à la loi du Talion (« œil pour œil, dent pour dent ») principe de base du droit babylonien. Les actes de meurtre, vol, adultère et viol restent cependant punis de la peine capitale.

Le code révèle ainsi un aperçu de l'ordre social en place au cours de la période d'Ur III. En dehors du lu-gal ("le grand homme" ou le roi), les membres de la société étaient divisés en deux grandes catégories sociales : les "lu" ou hommes libres, et les esclaves (arad au masculin, geme au féminin). Le fils d'un lu était appelé dumu-nita jusqu'à son mariage où il devenait un "jeune homme" (gurus). Une femme (munus) passait du statut de fille (dumu-mi) à celui d'épouse (dam). Si elle venait à perdre son mari, une veuve (nu-ma-su) pouvait se remarier.

Extrait[modifier | modifier le code]

1 talent = 60 mines. 1 mine = 60 shekel (1 shekel = 11 grammes d'argent) (tiré du texte en anglais)

Le préambule, typique des codes juridiques mésopotamiens, invoque les divinités pour le royaume de Ur-Namma et décrète « l'équité dans le pays ».

  1. Si un homme commet un meurtre, cet homme doit être tué.
  2. Si un homme commet un vol, il sera tué.
  3. Si un homme commet un enlèvement, il est emprisonné et doit payer 15 shekels d'argent.
  4. Si un esclave épouse une esclave et que ce dernier est libéré, il ne quitte pas la maisonnée.
  5. Si un esclave épouse une personne de souche (c'est-à-dire libre), il devra laisser son premier fils né à son maître.
  6. Si un homme viole le droit d'un autre et dépucelle la femme vierge d'un jeune homme, on peut tuer cet homme.
  7. Si la femme d'un homme fréquente un autre homme et celui-ci couche avec elle, on peut tuer cette femme mais cet homme peut être libéré. (§ 4 dans certaines traductions)
  8. Si un homme utilise la force et dépucelle l'esclave vierge d'un autre homme, celui-ci devra payer cinq shekels d'argent. (5)
  9. Si un homme divorce de sa première épouse, il doit lui payer une mina d'argent. (6)
  10. S'il s'agit d'une (ancienne) veuve, il doit lui payer la moitié d'une mina d'argent. (7)
  11. Si un homme est accusé de sorcellerie, il doit se plier à l'épreuve de l'eau froide; si son innocence est prouvée, son accusateur doit payer 3 shekels. (10)

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) C. Wilcke, « Dieser Ur-Namma hier... Eine auf die Darstellung weisende Statueninschrift », dans Revue d'Assyriologie et d'archéologie orientale 107, 2013, p. 173-186.
  2. (en) Kramer, History begins at Sumer, p. 52-55.
  3. (en) Gurney and Kramer, « Two Fragments of Sumerian Laws », Assyriological Studies 16, p. 13-19.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Claus Wilcke, « Der Kodex Urnamma (CU) : Versuch einer Rekonstruktion », dans Riches hidden in secret places : ancient Near Eastern studies in memory of Thorkild Jacobson, edited by Zvi Abusch, 2002, (ISBN 1575060612)
  • (en) Martha T. Roth. Law Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Society of Biblical Literature,« Writings from the Ancient World » vol. 6., 1995, p. 13-22 (ISBN 0788501046)
  • (en) Miguel Civil, « The Law Collection of Ur-Namma », dans Andrew R. George (dir.), Cuneiform Royal Inscriptions and Related Texts in the Schøyen Collection, CUSAS 17, Bethesda, 2011, p. 221-286
  • (en) Bertrand Lafont et Raymond Westbrook, « Neo-Sumerian Period (Ur III) », dans Raymond Westbrook (dir.), A History of Ancient Near Eastern Law vol. 1, Leyde, Brill, coll. « Handbuch der Orientalistik », , p. 183-226