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La   quadruple dette

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Çatapathabrâhmana 1.7.2.1-6

" Tout être humain en naissant naît comme une dette due aux dieux, aux rishis, aux ancêtres et aux hommes"

Nous naissons en tant que dette, parce que nous avons reçu en partage un bien que nous n'avons pas sollicité: la vie. D'où la situation inconfortable de l'homme dès sa naissance: être endetté sans avoir rien demandé.

Le créancier de cette dette, qui réclame le paiement de cette dette, c'est Yama, le dieu de la mort, ou Mrityu, la mort elle-même (çB 3.6.2.19, AV  6.117.1).

Le débiteur, c'est l'homme (purusha).

Comment se débarrasser de sa dette ?

1) En satisfaisant le créancier tout de suite: c'est le suicide oblatoire (cf. S. Lévi,  Doctrine, p. 133). Mais cela n'est guère conseillé.

2) Il vaut mieux fractionner la dette en substituant (en fait, en ajoutant) au créancier unique, de nombreux créanciers, et en procédant à un paiement échelonné qui fait de la vie entière un moyen de s'acquitter de la dette, et en fait un moyen de socialisation de l'individu.

Quelles sont ces dettes ?

Il y a une dette aux dieux, une dette aux Pères,  une dette aux rishis (voyants védiques)  et une dette aux hommes.

Le rite fournit le moyen de satisfaire les créanciers multiples.

La dette aux rishis est payée par la récitation quotidienne du Veda, et (pour les brahmanes) en transmettant le Veda aux générations suivantes.

La dette aux hommes: par le sacrifice quotidien aux hommes (rite d'hospitalité)

La dette aux dieux: par le sacrifice quotidien (matin et soir) aux dieux, et  en devenant dieu soi-même, en tant que dikshita.

La dette aux Pères : en devenant père à son tour d'un fils.

La dette aux Pères a ceci de particulier qu'on peut s'en débarrasser d'un seul coup. Alors qu'on n'en  finit jamais de sacrifier, ni d'offrir l'hospitalité, ni de réciter le Veda.

Les sacrements

Mais pour payer ses dettes, il faut passer par un certain nombre de "sacrements", c-à-d de perfectionnements intérieurs qui nous qualifient pour cette tâche.

1) L'initiation brahmanique (upanayana)

On ne peut se libérer de la dette envers les Rshi-s (par l'apprentissage du Veda et la récitation personnelle et, le cas échéant - pour les brahmanes - l'enseignement) qu'à partir du moment où on est passé par l'initiation brahmanique (upanayana) ( 8 ans après la conception pour les brahmanes, 11 ans pour les kshatriya-s, 12 ans pour les vaiçya-s. L'upanayana prélude aux études brahmaniques (jusqu'à 16 ans pour toutes les classes).

2) Le mariage

On ne peur se libérer de ses dettes envers les dieux que si on a mené à bien ses études brahmaniques, s'est marié et installé le feu sacrificiel0

On ne peut se libérer de sa dette envers les Pères qu'en devenant père soi-même, il faut donc se marier et avoir un fils. Le mariage est un sacrement dans l'Inde classique et il est normalement indissoluble.

3) La crémation

Ce faisant, nous ne faisons que payer les intérêts de nos dettes. Le capital reste dû: nous ferons don de notre personne entière au moment de la crémation du corps.

Le bûcher funéraire est allumé avec le feu domestique du défunt (ou l'un de ses trois feux s'il était âhitâyin). La crémation est conçue comme un sacrifice où le sacrifiant (yajamâna) est aussi la victime. Le veuf allume le bûcher funéraire de sa femme avec son feu domestique. Quoiqu'il doive alors arrêter toute activité sacrificielle, il garde normalement son feu pour ses propres funérailles.

Les funérailles sont le dernier sacrifice, le seul ou la victime ne soit pas le substitut du sacrifiant, mais le sacrifiant lui-même.

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Source: 

Taittirîya-Âranyaka, livre II, trad. Ch. MALAMOUD, Paris, 1977

Pour aller plus loin:

Taittirîya-Âranyaka, livre II, trad. Ch. MALAMOUD, Paris, 1977

Charles Malamoud, Le jumeau solaire, Paris, Seuil, 2002 (sur le dieu Yama)

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