Chapitres
Avec Locke, ce qui s’introduit de manière tout à fait centrale, c'est la question à la fois du travail et de la propriété, autrement dit il nuance les vues de Hobbes. Pour aller à l’essentiel, ce qu’on lit dans le 2e traité du gouvernement civil, au § 124 notamment, c'est la chose suivante :
« La fin capitale et principale en vue de laquelle les hommes s’associent dans les républiques et se soumettent à des gouvernements, c’est la conservation de leur propriété ».
Dans cette perspective l’état de nature apparait comme l’état marqué par le manque, la privation car la conservation de l’homme est concerné essentiellement par la faim. Ainsi, chez Hobbes l’état de nature se caractérise par l’hostilité de chacun contre chacun et chez Locke la mort est également menaçante mais elle apparait à travers la privation et de la faim.
Le travail légitimise la propriété
Chez Locke, l’individu est caractérisé par la faim et va partir à la recherche de la nourriture.
Ainsi, il va manger ce qu’il trouvera sur les arbres à travers la cueillette et la chasse, la question étant de savoir à partir de quand il en sera le propriétaire légitime. C'est ici que Locke introduit la question du travail car c’est par le travail que cette propriété deviendra légitime. Autrement dit, Locke dans cette fiction de l’état de nature qui vise simplement à installer une certaine compréhension des choses sociales et politique, la propriété arrive très vite en relation directe avec le travail et ce en quoi l’homme est en quelque sorte à la source de la propriété, c’est qu’il est propriétaire parce qu’il a en lui cette capacité de travailler, de transformer. Ainsi, de la même façon que chez Hobbes l’homme n’était pas un animal politique, chez Locke, il est naturellement un animal propriétaire et travailleur.
La nature n’apparait pas à travers l’abondance mais apparait plutôt à travers la privation car l’état de nature est marqué par la pénurie, par la misère.
Donc, toute la construction de Locke est de voir de quelle façon il est possible de placer l’individu en sorte en quelque sorte dans une configuration qui est faite à la fois de propriété et de travail avec ceci de particulier, comme l’ont noté certains, que le propre du travail n’est pas tant de produire du droit de propriété mais surtout de produire de la valeur.
Préserver la sécurité de l’individu
Au point de départ de Locke, il s’agit de préserver la sécurité de l’individu en le rendant propriétaire à travers le travail, autrement dit le faire échapper à la misère, à la pénurie, à la faim et donc de le faire sortir de quelque chose qui caractérise l’état de nature traduisant l’impuissance, et ainsi arriver à travers une réflexion sur l’utilité sociale, l’utilité collective. Autrement dit, à l’arrivée, nous avons une société de propriété alors qu’à l’origine on avait un individu qui était toujours menacé par la faim. Parmi les choses que l’on souligne souvent quand on parle de Locke, c'est une réflexion en terme de propriété des choses, propriété indissociable d'une propriété de soi.
Il s'agit donc de posséder soi-même c'est à dire que l'on est propriétaire des fruits de son travail et aussi de son corps.
Ainsi, la vision selon laquelle une sécurité minimale doit être garantie à ce corps dont nous sommes propriétaire mène à une sorte de pacte qui unit des propriétaires. Mais de quoi une société de propriétaires a-t-elle besoin pour se perpétuer, pour préserver son existence ? -Dans une perspective que l’on associe de manière plus directe au libéralisme telle que nous nous le représentons aujourd'hui, toute la réflexion se noue autour des lois que cette société va se donner afin de garantir la coexistence de ces propriétaires et la possibilité qu’ils ont de continuer de vivre, de travailler, etc. L’Etat n’est rien d’autre que l'instrument de la propriété mais il n'est pas au service du profit car la propriété n'est pas pensée dans sa valeur d'enrichissement en tant que telle mais repose sur l'individu travaillant. Cette vision sera remise en question par Rousseau dans son second discours : « le premier qui ayant enclos le terrain s’avisa de dire ceci est à moi et trouva des gens assez simple pour le croire fut le premier fondateur de la société civile. Que de crime, de guerre, de meurtre, de misère et d’horreur n’eut pas épargné au genre humain celui qui arrachant les pieux, comblant les fossés, eut crié à ses semblables : gardez vous d’écouter cet imposteur ».
Locke est un philosophe important, on trouve chez lui des réflexions très intéressantes sur la question de la pensée, de l’identité, de l’éducation, réflexions qui sont encore tout à fait vivantes aujourd'hui.
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j’ai apprécié votre article concernant la notion du travail chez Locke
Merci beaucoup de votre explication est très claire et précise et je sens très alaise quand j’avais lu ce texte car je le comprends bien