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Les anxieux votent à droite, les calmes à gauche

AFP

Une étude américaine suggère que nos opinions politiques sont liées à notre propension à avoir peur.

Et si notre sensibilité politique n'était pas le fruit de notre libre arbitre ou de notre environnement familial mais de notre propension à avoir peur, à être stressé ? C'est ce que suggère une très sérieuse étude (1) publiée jeudi aux Etats-Unis dans la revue Science. Les chercheurs de plusieurs universités américaines ont fait passer un test à 46 personnes politiquement motivées qu'ils ont fait réagir à un bruit soudain et à des images inquiétantes : une araignée sur le visage d'une personne affolée, une plaie couverte d'asticots et une figure en sang.

Ils ont ensuite mesuré leurs réactions physiques «de peur» telles que le clignement des yeux et la transpiration, avant de recouper ces reflexes avec les positions politiques des cobayes. Les personnes aux positions les plus conservatrices qui se déclarent en faveur de la peine de mort, du patriotisme, de la guerre en Irak, des dépenses militaires ont été davantage effrayées par les images. Leurs réactions physiques à ces stimuli menaçants sont nettement plus fortes que celles des citoyens se disant proches des valeurs de la gauche américaine et pour le pacifisme, le contrôle des armes, le droit à l'avortement, et le mariage homosexuel. Kevin Smith, un des auteurs de l'étude, estime que les sujets conservateurs sont plus sensibles aux menaces qui surgissent dans leur environnement proche, et ont tendance à plébisciter les politiques qui protègent l'ordre social.

L'ADN influence-t-il nos choix politiques ?

Les résultats de cette étude sous-entendent que la sensibilité politique est liée à certaines réactions physiologiques, présentes dans notre corps dès notre naissance, et donc à notre ADN, estiment les auteurs de l'article. Ces scientifiques spéculent que des gènes influencent l'activité neuronale régulant le fonctionnement de l'amygdale, la zone du cerveau qui nous avertit de la présence d'un danger dans notre environnement et déclenche une réaction de peur puis de fuite et de lutte. «Nous ne clamons pas avoir trouvé un lien définitif de cause à effet mais il existe une corrélation entre la biologie et les opinions politiques», résume Kevin Smith.

«Cette étude a découvert le chainon manquant entre les gênes et notre cerveau d'une part et notre tempérament et nos convictions politiques, d'autre part » s'est réjoui James Fowler, un scientifique de l'université de Californie. Fowler n'a pas participé à l'étude que publie Science, mais en mai dernier son équipe avait trouvé une variante du gêne MAOA dont les porteurs sont plus susceptibles d'aller voter que les personnes qui possédaient une autre variation de ce gêne. Toutefois, d'autres scientifiques tels que Jon Krosnick qui enseigne la science politique à Stanford, dénoncent la méthodologie insuffisante de l'étude. «Il est impossible d'obtenir des conclusions fiables avec un tel échantillon : les personnes interrogées sont pour la plupart d'origine blanche et viennent de la même petite ville de Lincoln, en plein Midwest, au Nebraska», regrette-t-il.

(1) L'étude a été menée par des chercheurs des universités Rice au Texas, Nebraska-Lincoln, de l'Illinois et par le Virginia Institute for Psychiatric and Behavioral Genetics

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