Les faux souvenirs
CLAUDIE BERT
Sciences Humaines N° 97 - Août/Septembre 1999
«L' un de mes premiers souvenirs remonterait (...) à ma deuxième année. Je peux encore voir, très clairement, la scène suivante (...). J'étais assis dans ma poussette, que ma nurse promenait le long des Champs-Elysées, lorsqu'un homme essaya de me kidnapper. Je fus retenu par la sangle de la poussette ; la nurse s'interposa bravement entre le voleur et moi. Elle fut quelque peu égratignée, et je peux encore voir vaguement les marques sur son visage... » Ce souvenir de Jean Piaget (1) montre qu'un souvenir peut être vivace, riche en détails... et pourtant, ne correspondre à aucune réalité. En effet, poursuit l'auteur, « vers l'âge de quinze ans, mes parents reçurent une lettre de mon ancienne nurse (...) : elle voulait confesser ses fautes passées, et particulièrement rendre la montre qu'elle avait reçue en récompense (...). Elle avait inventé toute l'histoire (...). J'avais donc entendu, enfant, ce récit, que mes parents croyaient, et l'avais projeté dans le passé sous la forme d'un souvenir visuel. »
Dès la première moitié de ce siècle, les recherches de Sir Frederick Bartlett, d'Allport et de Postman, ont montré que la mémoire ne se contente pas de stocker les souvenirs et de les restituer tels quels, mais qu'elle [...]
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Baratin clairement en faveur de la théorie des faux souvenirs...L'auteur n'a aucun esprit critique et cherche seulement à faire scandale en montrant quelques histoires où les personnes avaient fabriqué des faux souvenirs.
D'une part, comment des fillettes examinées à l'hôpital pour violences sexuelles (suffisamment graves pour se retrouver à l'hôpital donc....) pourraient-elles soudainement se transformer en fillettes ayant reçu une caresse non perçue comme traumatisante?
C'est déjà illogique! Mais c'est sans compter l'hypocrisie de l'utilisation floue du mot caresse. Qu'est-ce qu'une caresse? Si elle a provoqué des sensations sexuelles de nature précoce à un enfant non mature sexuellement, elles sont clairement subies comme angoissantes et traumatisantes pour l'enfant! S'il ne s'agit pas de caresse sexuelle, alors que viennent-elles faire dans cet exemple de fillettes à l'hôpital...
Une personne se rappelant un rituel satanique peut très bien avoir perçu les actes sexuels comme suffisamment choquant pour les assimiler à quelque chose de démoniaque. La réalité est vécue différemment et les souvenirs utilisent aussi un langage non pas mensonger, mais symbolique, permettant à l'enfant d'exprimer des réalités angoissantes, tout en protégeant certaines parties de son esprit, de telle sorte à ce qu'il ne perde pas la raison.
Quant à votre listing de "la méthode anti refoulement", c'est clairement passer à côté du véritable travail psychanalytique qui ne force pas le patient mais lui permet d'exprimer ses souvenirs. Les thérapeutes charlatants ont toujours bonne place, mais on ne parle pas tant des psychiatres et psychanalystes renommés qui font des dégâts considérables en traitant les souvenirs d'abus comme fantasmes liés au complexe d'oedipe. La théorie des pulsions a causé bien plus de dommages que les pratiques douteuses de certains hypnotiseurs.
Sais-tu lire?
L'auteur dit de prendre avec un grain de sel certains souvenirs qui sont difficilement prouvables. C'est tout, rien d'autre.