marx et freud

R. KALIVODA

Nous publions ici la première partie d'un assez long extrait d'un essai du Professeur tchèque R. Kalivoda.

Dans les dix premières pages , qui ne sont pas traduites, l'auteur justifie l'étude de la psychanalyse vue sous l'angle du marxisme. Pour commencer, il entend par psychanalyse « plus qu'une méthode thérapeutique, une anthropologie philosophique nécessitant donc une interprétation et une critique philosophiques totalisatrices ».

Cet article tend « d'une part à une interprétation critique de la psychanalyse du point de vue de la philosophie marxiste de l'homme, d'autre part à une intégration critique de la psychanalyse dans cette même philosophie marxiste, visant ainsi au développement de sa problématique ».

Il faut constater, écrit R. Kalivoda, l'attraction mutuelle de la psychanalyse et du marxisme, « constatation qui n'est paradoxale que pour ceux qui firent proliférer ces dernières décades, dans des publications dites marxistes, leurs condamnations simplistes de la psychanalyse, dite alors irrationnelle. La pensée véritablement marxiste connut pendant cette période des heures difficiles sinon tragiques : citons les cas de Wilhelm Reich, excommunié par les communistes et les psychanalystes allemands au début des années trente, mort dans une prison américaine, premier psychanalyste qui tenta une synthèse sérieuse de la psychanalyse et du marxisme, du marxiste tchèque Zàvïs Kalandra (une des premières victimes des répressions staliniennes en Tchécoslovaquie) , qui l'appliqua de façon remarquable à l'interprétation des vieilles légendes tchèques, ou de Bohuslav Brouk, membre du groupe surréaliste tchèque, devenu émigré antimarxiste après la guerre.

€ Les surréalistes et les membres de l'école philosophique de Francfort tentèrent cette intégration critique : parmi les surréalistes ce fut André Breton et son livre Les Vases communicants (1932); pour l'école de Francfort, à la même époque, relevons le nom d'Èrich Fromm et par la suite, celui du philosophe Herbert Marcuse pour son livre Eros and Civilization (1955). Pour la Tchécoslovaquie, il faut parler des surréalistes (Karel Teige, Vitezslav Nezval) et du « groupe historique » (V. Husa, J. Pachta, V. Char- vat et d'autres). »

Cet essai se réclame donc « d'une longue tradition constituant une continuité historique et une continuité idéologique » et se défend de sacrifier à un quelconque électisme « car pour le marxisme, à la différence des autres doctrines, l'absorption critique de Freud ne conduit pas à un dépassement de la théorie mais bien à son enrichissement ».