Ajaccio, 10 décembre. - Première pour les abstentions, (près de 44 %), la Corse est aussi l'un des treize départements métropolitains où le général de Gaulle a obtenu la majorité absolue au premier tour (près de 57 %).
" Beaucoup de nos compatriotes, a déclaré M. François Giacobbi, sénateur (gauche démocratique), président du conseil général, ont voté le 5 décembre pour le gouvernement, un peu à la manière des électeurs des pays sous-développés qui n'ont d'espoir que dans le pouvoir en place. Que peuvent-ils cependant espérer ? Etabli en 1957, le plan d'action régionale n'a été ni respecté, ni appliqué dans ses grandes lignes depuis 1958, année de l'avènement de la Ve République. Pense-t-on sérieusement que la survie de cette " République nouvelle " serait de nature à modifier un tel état de choses ? Il faudrait être bien naïf pour le croire. "
M. Giacobbi présidera dimanche, à Corte, un congrès extraordinaire des élus radicaux-socialistes et apparentés. " Ce congrès, a-t-il indiqué, est convoqué en vue de tout mettre en œuvre pour assurer le succès de M. François Mitterrand. " Celui-ci ne pouvant se rendre en Corse, c'est M. Billères député des Hautes-Pyrénées et président du parti radical, qui participera en ses lieu et place aux réunions organisées dans la grande île.
M. Pascal Arrighi, ancien député (radical, puis Unité de la Rép., puis non inscrit) d'Ajaccio, et maire de Vico, qui avait voté pour M. Lecanuet au premier tour, a déclaré qu'il voterait le 9 décembre pour M. Mitterrand. Le comité départemental Tixier-Vignancour, présidé par le général Bastiani, s'est prononcé lui aussi en faveur du candidat de la gauche.
Quant au comité central bonapartiste d'Ajaccio, qui n'avait pas pris position au premier tour, il a décidé de s'engager au second. Sa commission politique a, par 15 voix contre 3, voté une motion présentée par son président, M. Marcangeli, et soutenue par M. Pascal Rossini, maire d'Ajaccio, tendant à appuyer sans réserve la candidature du général de Gaulle. Cette décision suscite divers commentaires, car plusieurs personnalités bonapartistes avaient le 5 décembre soutenu les vues de M. Lecanuet, les autres M. Tixier-Vignancour.